Mon compagnon
2 septembre 1945
A mon gendre Raymond, réparateur de
mon poste de T.S.F.
C'est pour toi, mon cher compagnon
Que j'écris ce soir un poème.
Comme on aime un enfant mignon
Mon poste, simplement je t'aime.
Ta longue absence m'a fait mal ;
Il fallait panser ta blessure.
Cela peut paraître anormal
Que j'affirme ainsi ton usure.
Mais puisque tu sus en guérir
L'expression n'est pas trop forte.
Avec toi j'ai vu revenir
La Joie et sa folle cohorte.
Tu me consoles dans l'ennui.
Près de toi les heures sont brèves
Tu sembles inventer, la nuit,
Pour mon sommeil, les plus beaux rêves.
Par toi, je suis, au jour le jour,
Le niveau de la politique.
Je ris et pleure, tour à tour,
Pour une pièce, une musique.
Quand tu me transmets des chansons,
Les vieilles de la belle époque,
Je me souviens des grands frissons ;
C'est tout mon passé que j'évoque.
J'écoute et je ferme les yeux
Pour mieux sentir et mieux entendre
Mon compagnon je suis heureux
Et jamais lassé de t'entendre.
Honoré HARMAND