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 Honoré Harmand (1883-1952) L'Eden

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Honoré Harmand (1883-1952) L'Eden Empty
MessageSujet: Honoré Harmand (1883-1952) L'Eden   Honoré Harmand (1883-1952) L'Eden Icon_minitimeJeu 4 Avr - 9:38

L'Eden

Non daté, mais antérieur à 1951

Dans l'Ether infini plein de profonds mirages
Dans l'azur insondable et vierge de nuages
Le grand soleil montait, lentement, gravement
Et l'éden ébloui du grand rayonnement
S'éveilla. La nature amoureuse et ravie
Entonna le concert éclatant de la vie.

Tout remuait. Adam le seul et le dernier
Dormait à poings fermés à l'ombre d'un pommier.
De larges ronflements bourdonnaient sur sa lèvre
Il en avait la nuit des douleurs et la fièvre.

Il avait fait un rêve ; il avait mal aux reins.
Il avait cru voir Dieu du haut des cieux sereins
Descendre à petits pas et la dextre divine
Avait pendant longtemps fouillé dans sa poitrine
Pour y ravir un os qu'elle avait emporté.
Adam dormait toujours. Debout à son côté
Eve le regardait, soucieuse, étonnée.
Le jour venait de naître où la femme était née.

L'homme ronflait. Une heure entière s'écoula ;
Eve agacée enfin de le voir toujours là
Eve maligne et femme, Eve prît une pomme
Et la laissa tomber sur l'oeil du premier homme.

Adam se redressa d'un bond « Mille Ieu » !
Mais il avait aperçu Eve en se frottant les yeux.
Homme sans le savoir et galant de naissance
Il fît une profonde et grande révérence
« Dieu fait bien ce qu'il fait, Eblis seul fait le mal ».
Il se tût un instant ; puis avec un sourire :

Adam
Il fait bien chaud !

Eve
Oh, oui !

Adam
Le soleil est très fort

Eve
Oh oui !

Adam
C'est étonnant avec ce vent du nord,
Car c'est le vent du nord qui vient de la montagne

Eve
Ah !

Adam
Oui ! Connaissez-vous un peu notre campagne ?

Eve
Moi ? Non, je viens de naître

Adam
Ah ! De naître ! Aujourd'hui !

Eve
Oui

Adam
Je vous félicite. Eden vous plait-il ?

Eve
Oui

Adam
Pensez-vous y rester quelques temps ?

Eve
C'est probable.

Adam
Ah ! Tant mieux. Vous verrez c'est un séjour aimable.
Je vous promènerai dans notre Paradis.
Aimez-vous à causer ?

Eve
Que dites-vous ?

Adam
Aimez-vous à causer ?

Eve
Je ne sais pas encore,
je ne peux pas savoir, je suis né à l'aurore

Il se fit un silence. Adam, pâle et songeur
Promenait brusquement ses deux mains sur son coeur.

Eve
Vous cherchez quelque chose ?

Adam
Il me manque une côte !

Eve
Dieu m'a créée avec, ce n'est pas ma faute

Adam
Tiens ! La drôle d'idée ! Et quel est votre nom ?

Eve
Eve

Adam
Ah ! Le joli nom.

Eve
Vous me flattez

Adam
Moi, je m'appelle Adam»

Eve
Adam ?

Nouveau silence.

Tous deux s'étonnaient de tant de différence.
Dans les formes du corps et des tours de la peau.
Adam la trouvait belle. Eve le trouvait beau.
Ils se toisaient.
Mais en revanche,
Ils raisonnaient.

Adam reprit enfin :

Adam
Comme vous êtes blanche.
Pourquoi Dieu vous a-t-il mis des cheveux si longs ?
Les miens sont courts et noirs et les vôtres sont blonds.
C'est vraiment très joli ces lourdes tresses blondes »

Eve
Vous trouvez ?

Adam
Mais ces machines rondes,
Là, sur votre poitrine, à quoi cela sert-il ? »

Eve
Je n'en sais rien ; mais vous, au dessous du nombril,
Qu'est-ce que vous portez dans cette touffe noire ?

Adam
Je m'en sers après boire »

Eve
Seulement ? Cela doit vous gêner pour marcher

Adam
Pas trop, on s'habitue »

Eve
Est-ce qu'on peut toucher ?

Adam
Si vous le désirez

Eve
Je suis si curieuse,
Alors vous permettez ?

Eve, blanche et rieuse,
Avança doucement ses petits doigts tout roses,

Puis soudain

Eve
Je n'ose pas

Adam
Est-ce qu'il vous fait peur ?

Eve
Peur ?
Oh non, je suis brave.
Tiens, c'est tout rouge au bout, on dirait une rave.
C'est pour le protéger sans doute cette peau ;
Ce n'est pas laid du tout
Adam
Oh, ce n'est pas beau

Eve
Mais si c'est très gentil.

Et les mignons doigts roses
Allaient, couraient, venaient, faisant de courtes poses,
Comme des papillons voltigeant sur des fleurs.

Eve
Oh, mais regardez donc, il a pris des couleurs ;
Comme c'est drôle, il est plus grand que tout à l'heure,
Il se dresse, il frémit. Ciel ! Une larme ! Il pleure

Eve essuya la larme à ses cheveux dorés.

Eve
Il pleure ! Il pleure encore ! Est-ce que vous souffrez ?

Adam
Au contraire !

Eve
Oh, Monsieur Adam, il est énorme;
Maintenant il n'a plus du tout la même forme
C'est très raide et très dur. A quoi peut-il servir?

Adam lui répondit dans un profond soupir

Adam
Est-ce que vous croyez qu'il sert à quelque chose ?

Eve
Je n'en suis pas très sure. Au moins je le suppose.
Vous m'avez dit tantôt, Dieu fait bien ce qu'il fait
Toute chose a son but, si ce monde est parfait

Adam
Oui, si Dieu m'avait dit ce qu'il faut que je fasse
De ce --mais, vous, comment?

Eve
Moi, je n'ai que la place.
C'est peut-être un oubli ? Voyse ! (????)

Adam Cherchant plus haut

« Je ne vois rien »

Eve
Non, pas là, maladroit, ici, regardez bien

Adam
C'est juste, on vous a même arraché la racine
La fosse est encor fraîche. Est-ce que la voisine
Communique ? Pour voir, si je mettais le doigt ?

Eve
Mettez ce qu'il faudra.

Adam
Diable, c'est bien étroit

Il glissa sous la femme une main caressante
Eve bondit, l'oeil clos, la croupe frémissante
Les reins tendus, les poings crispés dans les cheveux
Tout son être frémit d'un long frisson nerveux
Et le soupir mourut entre ses dents serrées

Eve
Encore.

Elle entrouvrit ses deux cuisses cambrées
Et le premier puceau vînt tomber dans ses bras
Comme il croisait ses mains sous deux épaules blanches
Adam sentit deux pieds se croiser sur ses hanches
Leurs membres innocents s'enlaçaient s'emmêlaient
S'ils avaient pu savoir au moins ce qu'ils faisaient
O ! Pucelage. Alors presque sans se comprendre
Tous deux en même temps d'une voix faible et tendre
Murmurèrent « Je t'aime » et le premier baiser
Vint en papillonnant, en riant se poser
Et chanter doucement sur leurs lèvres unies

Dieu pour les ignorants créa deux bons génies
L'instinct et le hasard. Or au bout d'un instant
Eve avait deviné ce qui l'intriguait tant.
Avez-vous jamais vu le serpent que l'on chasse
De droite à gauche, errant affolé tête basse,
En avant, en arrière, il va sans savoir où
Il s'élance, il recule, il cherche, il veut un trou
Un asile où cacher sa fureur écumante
Il cherche, il ne voit rien et son angoisse augmente
Mais lorsqu'il aperçoit l'abri qu'il a rêvé
Il entre et ne sort plus. Adam avait trouvé

Un cri puis des soupirs. L'homme a compris la femme
Les deux corps enlacés semblent n'avoir qu'une âme
Ils se serraient, se tordaient, ils bondissaient (????)
Les chairs en feu frottaient, les chairs s'électrisaient
Les veines se gonflaient, les langues acérées
Cherchaient une morsure entre les dents serrées.

A suivre

Honoré HARMAND
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