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 Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XLIV. Paternité

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Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XLIV. Paternité Empty
MessageSujet: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XLIV. Paternité   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XLIV. Paternité Icon_minitimeDim 14 Avr - 19:11

XLIV. Paternité

Pendant que cette scène terrible se passait chez lord de Winter,
Athos, assis près de la fenêtre de sa chambre, le coude appuyé sur
une table, la tête inclinée sur sa main, écoutait des yeux et des
oreilles à la fois Raoul qui lui racontait les aventures de son
voyage et les détails de la bataille.

La belle et noble figure du gentilhomme exprimait un indicible
bonheur au récit de ces premières émotions si fraîches et si
pures; il aspirait les sons de cette voix juvénile qui se
passionnait déjà aux beaux sentiments, comme on fait d’une musique
harmonieuse. Il avait oublié ce qu’il y avait de sombre dans le
passé, de nuageux dans l’avenir. On eût dit que le retour de cet
enfant bien-aimé avait fait de ces craintes mêmes des espérances.
Athos était heureux, heureux comme jamais il ne l’avait été.

- Et vous avez assisté et pris part à cette grande bataille,
Bragelonne? disait l’ancien mousquetaire.

- Oui, monsieur.

- Et elle a été rude, dites-vous?

- M. le Prince a chargé onze fois en personne.

- C’est un grand homme de guerre, Bragelonne.

- C’est un héros, monsieur; je ne l’ai pas perdu de vue un
instant. Oh! que c’est beau, monsieur, de s’appeler Condé... et de
porter ainsi son nom!

- Calme et brillant, n’est-ce pas?

- Calme comme à une parade, brillant comme dans une fête. Lorsque
nous abordâmes l’ennemi, c’était au pas; on nous avait défendu de
tirer les premiers, et nous marchions aux Espagnols, qui se
tenaient sur une hauteur, le mousqueton à la cuisse. Arrivé à
trente pas d’eux, le prince se retourna vers les soldats:
«Enfants, dit-il, vous allez avoir à souffrir une furieuse
décharge; mais, après, soyez tranquilles, vous aurez bon marché de
tous ces gens.» Il se faisait un tel silence, qu’amis et ennemis
entendirent ces paroles. Puis levant son épée: «Sonnez,
trompettes» dit-il.

- Bien, bien!... Dans l’occasion, vous feriez ainsi, Raoul,
n’est-ce pas?

- S’en doute, monsieur, car j’ai trouvé cela bien beau et bien
grand. Lorsque nous fûmes arrivés à vingt pas, nous vîmes tous ces
mousquetons s’abaisser comme une ligne brillante; car le soleil
resplendissait sur les canons.»Au pas, enfants, au pas, dit le
prince, voici le moment.»

- Eûtes-vous peur, Raoul? demanda le comte.

- Oui, monsieur, répondit naïvement le jeune homme, je me sentis
comme un grand froid au coeur, et au mot de: «Feu!» qui retentit
en espagnol dans les rangs ennemis, je fermai les yeux et je
pensai à vous.

- Bien vrai, Raoul? dit Athos en lui serrant la main.

- Oui, monsieur. Au même instant il se fit une telle détonation,
qu’on eût dit que l’enfer s’ouvrait et ceux qui ne furent pas tués
sentirent la chaleur de la flamme. Je rouvris les yeux, étonné de
n’être pas mort, ou tout au moins blessé; le tiers de l’escadron
était couché à terre, mutilé et sanglant. En ce moment je
rencontrai l’oeil du prince; je ne pensai plus qu’à une chose,
c’est qu’il me regardait. Je piquai des deux et je me trouvai au
milieu des rangs ennemis.

- Et le prince fut content de vous?

- Il me le dit du moins, monsieur, lorsqu’il me chargea
d’accompagner à Paris M. de Châtillon, qui est venu donner cette
nouvelle à la reine et apporter les drapeaux pris.»Allez, me dit
le prince, l’ennemi ne sera pas rallié de quinze jours. D’ici là
je n’ai pas besoin de vous. Allez embrasser ceux que vous aimez et
qui vous aiment, et dites à ma soeur de Longueville que je la
remercie du cadeau qu’elle m’a fait en vous donnant à moi.» Et je
suis venu, monsieur, ajouta Raoul en regardant le comte avec un
sourire de profond amour, car j’ai pensé que vous seriez bien aise
de me revoir.

Athos attira le jeune homme à lui et l’embrassa au front comme il
eût fait à une jeune fille.

- Ainsi, dit-il, vous voilà lancé, Raoul; vous avez des ducs pour
amis, un maréchal de France pour parrain, un prince du sang pour
capitaine, et dans une même journée de retour vous avez été reçu
par deux reines: c’est beau pour un novice.

- Ah! monsieur, dit Raoul tout à coup, vous me rappelez une chose
que j’oubliais, dans mon empressement à vous raconter mes
exploits: c’est qu’il se trouvait chez Sa Majesté la reine
d’Angleterre un gentilhomme qui, lorsque j’ai prononcé votre nom,
a poussé un cri de surprise et de joie; il s’est dit de vos amis,
m’a demandé votre adresse et va venir vous voir.

- Comment s’appelle-t-il?

- Je n’ai pas osé le lui demander, monsieur; mais quoiqu’il
s’exprime élégamment, à son accent j’ai jugé qu’il était Anglais.

- Ah! fit Athos.

Et sa tête se pencha comme pour chercher un souvenir. Puis,
lorsqu’il releva son front, ses yeux furent frappés de la présence
d’un homme qui se tenait debout devant la porte entrouverte et le
regardait d’un air attendri.

- Lord de Winter! s’écria le comte.

- Athos, mon ami!

Et les deux gentilshommes se tinrent un instant embrassés; puis
Athos, lui prenant les deux mains, lui dit en le regardant:

- Qu’avez-vous, milord? vous paraissez aussi triste que je suis
joyeux.

- Oui, cher ami, c’est vrai; et je dirai même plus, c’est que
votre vue redouble ma crainte.

Et de Winter regarda autour de lui comme pour chercher la
solitude. Raoul comprit que les deux amis avaient à causer, et
sortit sans affectation.

- Voyons, maintenant que nous voilà seuls, dit Athos, parlons de
vous.

- Pendant que nous voilà seuls, parlons de nous, répondit lord de
Winter. Il est ici.

- Qui?

- Le fils de Milady.

Athos, encore une fois frappé par ce nom qui semblait le
poursuivre comme un écho fatal, hésita un moment, fronça
légèrement le sourcil, puis d’un ton calme:

- Je le sais, dit-il.

- Vous le savez?

- Oui. Grimaud l’a rencontré entre Béthune et Arras, et est
revenu à franc étrier pour me prévenir de sa présence.

- Grimaud le connaissait donc?

- Non, mais il a assisté à son lit de mort un homme qui le
connaissait.

- Le bourreau de Béthune! s’écria de Winter.

- Vous savez cela? dit Athos étonné.

- Il me quitte à l’instant, répondit de Winter, il m’a tout dit.
Ah! mon ami, quelle horrible scène! que n’avons-nous étouffé
l’enfant avec la mère!

Athos, comme toutes les nobles natures, ne rendait pas à autrui
les impressions fâcheuses qu’il ressentait; mais, au contraire, il
les absorbait toujours en lui-même et renvoyait en leur place des
espérances et des consolations. On eût dit que ses douleurs
personnelles sortaient de son âme transformées en joies pour les
autres.

- Que craignez-vous? dit-il revenant par le raisonnement sur la
terreur instinctive qu’il avait éprouvée d’abord, ne sommes-nous
pas là pour nous défendre? Ce jeune homme s’est-il fait assassin
de profession, meurtrier de sang-froid? Il a pu tuer le bourreau
de Béthune dans un mouvement de rage, mais maintenant sa fureur
est assouvie.

De Winter sourit tristement et secoua la tête.

- Vous ne connaissez donc plus ce sang? dit-il.

- Bah! dit Athos en essayant de sourire à son tour, il aura perdu
de sa férocité à la deuxième génération. D’ailleurs, ami, la
Providence nous a prévenus que nous nous mettions sur nos gardes.
Nous ne pouvons rien autre chose qu’attendre. Attendons. Mais,
comme je le disais d’abord, parlons de vous. Qui vous amène à
Paris?

- Quelques affaires d’importance que vous connaîtrez plus tard.
Mais qu’ai-je ouï dire chez Sa Majesté la reine d’Angleterre,
M. d’Artagnan est à Mazarin! Pardonnez-moi ma franchise, mon ami,
je ne hais ni ne blâme le cardinal, et vos opinions me seront
toujours sacrées; seriez-vous par hasard à cet homme?

- M. d’Artagnan est au service, dit Athos, il est soldat, il
obéit au pouvoir constitué. M. d’Artagnan n’est pas riche et a
besoin pour vivre de son grade de lieutenant. Les millionnaires
comme vous, milord, sont rares en France.

- Hélas! dit de Winter, je suis aujourd’hui aussi pauvre et plus
pauvre que lui. Mais revenons à vous.

- Eh bien! vous voulez savoir si je suis mazarin? Non, mille fois
non. Pardonnez-moi aussi ma franchise, milord.

De Winter se leva et serra Athos dans ses bras.

- Merci, comte, dit-il, merci de cette heureuse nouvelle. Vous me
voyez heureux et rajeuni. Ah! vous n’êtes pas mazarin, vous! à la
bonne heure! d’ailleurs, ce ne pouvait pas être. Mais, pardonnez
encore, êtes-vous libre?

- Qu’entendez-vous par libre?

- Je vous demande si vous n’êtes point marié.

- Ah! pour cela, non, dit Athos en souriant.

- C’est que ce jeune homme, si beau, si élégant, si gracieux...

- C’est un enfant que j’élève et qui ne connaît pas même son
père.

- Fort bien; vous êtes toujours le même, Athos, grand et
généreux.

- Voyons, milord, que me demandez-vous?

- Vous avez encore pour amis MM. Porthos et Aramis?

- Et ajoutez d’Artagnan, milord. Nous sommes toujours quatre amis
dévoués l’un à l’autre comme autrefois, mais lorsqu’il s’agit de
servir le cardinal ou de le combattre, d’être mazarins ou
frondeurs, nous ne sommes plus que deux.

- M. Aramis est avec d’Artagnan? demanda lord de Winter.

- Non, dit Athos, M. Aramis me fait l’honneur de partager mes
convictions.

- Pouvez-vous me mettre en relation avec cet ami si charmant et
si spirituel?

- Sans doute, dès que cela vous sera agréable.

- Est-il changé?

- Il s’est fait abbé, voilà tout.

- Vous m’effrayez. Son état a dû le faire renoncer alors aux
grandes entreprises.

- Au contraire, dit Athos en souriant, il n’a jamais été si
mousquetaire que depuis qu’il est abbé, et vous retrouverez un
véritable Galaor. Voulez-vous que je l’envoie chercher par Raoul?

- Merci, comte, on pourrait ne pas le trouver à cette heure chez
lui. Mais puisque vous croyez pouvoir répondre de lui...

- Comme de moi-même.

- Pouvez-vous vous engager à me l’amener demain à dix heures sur
le pont du Louvre?

- Ah! ah! dit Athos en souriant, vous avez un duel?

- Oui, comte, et un beau duel, un duel dont vous serez, j’espère.

- Où irons-nous, milord?

- Chez Sa Majesté la reine d’Angleterre, qui m’a chargé de vous
présenter à elle, comte.

- Sa Majesté me connaît donc?

- Je vous connais, moi.

- Énigme, dit Athos; mais n’importe, du moment où vous en avez le
mot, je n’en demande pas davantage. Me ferez-vous l’honneur de
souper avec moi, milord?

- Merci, comte, dit de Winter, la visite de ce jeune homme, je
vous l’avoue, m’a ôté l’appétit et m’ôtera probablement le
sommeil. Quelle entreprise vient-il accomplir à Paris? Ce n’est
pas pour m’y rencontrer qu’il est venu, car il ignorait mon
voyage. Ce jeune homme m’épouvante, comte; il y a en lui un avenir
de sang.

- Que fait-il en Angleterre?

- C’est un des sectateurs les plus ardents d’Olivier Cromwell.

- Qui l’a donc rallié à cette cause? Sa mère et son père étaient
catholiques, je crois?

- La haine qu’il a contre le roi.

- Contre le roi?

- Oui, le roi l’a déclaré bâtard, l’a dépouillé de ses biens, lui
a défendu de porter le nom de Winter.

- Et comment s’appelle-t-il maintenant?

- Mordaunt.

- Puritain et déguisé en moine, voyageant seul sur les routes de
France.

- En moine, dites-vous?

- Oui, ne le saviez-vous pas?

- Je ne sais rien que ce qu’il m’a dit.

- C’est ainsi et que par hasard, j’en demande pardon à Dieu si je
blasphème, c’est ainsi qu’il a entendu la confession du bourreau
de Béthune.

- Alors je devine tout: il vient envoyé par Cromwell.

- À qui?

- À Mazarin; et la reine avait deviné juste, nous avons été
prévenus: tout s’explique pour moi maintenant. Adieu, comte, à
demain.

- Mais la nuit est noire, dit Athos en voyant lord de Winter
agité d’une inquiétude plus grande que celle qu’il voulait laisser
paraître, et vous n’avez peut-être pas de laquais?

- J’ai Tony, un bon, mais naïf garçon.

- Holà! Olivain, Grimaud, Blaisois, qu’on prenne le mousqueton et
qu’on appelle M. le vicomte.

Blaisois était ce grand garçon, moitié laquais, moitié paysan, que
nous avons entrevu au château de Bragelonne, venant annoncer que
le dîner était servi et qu’Athos avait baptisé du nom de sa
province.

Cinq minutes après cet ordre donné, Raoul entra.

- Vicomte, dit-il, vous allez escorter milord jusqu’à son
hôtellerie et ne le laisserez approcher par personne.

- Ah! comte, dit de Winter, pour qui donc me prenez-vous?

- Pour un étranger qui ne connaît point Paris, dit Athos, et à
qui le vicomte montrera le chemin.

De Winter lui serra la main.

- Grimaud, dit Athos, mets-toi à la tête de la troupe, et gare au
moine.

Grimaud tressaillit, puis il fit un signe de tête et attendit le
départ en caressant avec une éloquence silencieuse la crosse de
son mousqueton.

- À demain, comte, dit de Winter.

- Oui, milord.

La petite troupe s’achemina vers la rue Saint-Louis, Olivain
tremblant comme Sosie à chaque reflet de lumière équivoque;
Blaisois assez ferme parce qu’il ignorait qu’on courût un danger
quelconque; Tony regardant à droite et à gauche, mais ne pouvant
dire une parole, attendu qu’il ne parlait pas français.

De Winter et Raoul marchaient côte à côte et causaient ensemble.

Grimaud, qui, selon l’ordre d’Athos, avait précédé le cortège le
flambeau d’une main et le mousqueton de l’autre, arriva devant
l’hôtellerie de de Winter, frappa du poing à la porte, et,
lorsqu’on fut venu ouvrir, salua milord sans rien dire.

Il en fut de même pour le retour; les yeux perçants de Grimaud ne
virent rien de suspect qu’une espèce d’ombre embusquée au coin de
la rue Guénégaud et du quai; il lui sembla qu’en passant il avait
déjà remarqué ce guetteur de nuit qui attirait ses yeux. Il piqua
vers lui; mais, avant qu’il pût l’atteindre, l’ombre avait disparu
dans une ruelle où Grimaud ne pensa point qu’il était prudent de
s’engager.

On rendit compte à Athos du succès de l’expédition; et comme il
était dix heures du soir, chacun se retira dans son appartement.

Le lendemain, en ouvrant les yeux, ce fut le comte à son tour qui
aperçut Raoul à son chevet. Le jeune homme était tout habillé et
lisait un livre nouveau de M. Chapelain.

- Déjà levé, Raoul? dit le comte.

- Oui, monsieur, répondit le jeune homme avec une légère
hésitation, j’ai mal dormi.

- Vous, Raoul! vous avez mal dormi? quelque chose vous
préoccupait donc? demanda Athos.

- Monsieur, vous allez dire que j’ai bien grande hâte de vous
quitter quand je viens d’arriver à peine, mais...

- Vous n’aviez donc que deux jours de congé, Raoul?

- Au contraire, monsieur, j’en ai dix, aussi n’est-ce point au
camp que je désirerais aller.

Athos sourit.

- Où donc, dit-il, à moins que ce ne soit un secret, vicomte?
Vous voilà presque un homme, puisque vous avez fait vos premières
armes, et vous avez conquis le droit d’aller où vous voulez sans
me le dire.

- Jamais, monsieur, dit Raoul, tant que j’aurai le bonheur de
vous avoir pour protecteur, je ne croirai avoir le droit de
m’affranchir d’une tutelle qui m’est si chère. J’aurais donc le
désir d’aller passer un jour à Blois seulement. Vous me regardez
et vous allez rire de moi?

- Non, au contraire, dit Athos en étouffant un soupir, non, je ne
ris pas, vicomte. Vous avez envie de revoir Blois, mais c’est tout
naturel!

- Ainsi, vous me le permettez? s’écria Raoul tout joyeux.

- Assurément, Raoul.

- Au fond du coeur, monsieur, vous n’êtes point fâché?

- Pas du tout. Pourquoi serais-je fâché de ce qui vous fait
plaisir?

- Ah! monsieur, que vous êtes bon! s’écria le jeune homme faisant
un mouvement pour sauter au cou d’Athos, mais le respect l’arrêta.

Athos lui ouvrit ses bras.

- Ainsi je puis partir tout de suite?

- Quand vous voudrez, Raoul.

Raoul fit trois pas pour sortir.

- Monsieur, dit-il, j’ai pensé à une chose, c’est que c’est à
madame la duchesse de Chevreuse, si bonne pour moi, que j’ai dû
mon introduction près de M. le Prince.

- Et que vous lui devez un remerciement, n’est-ce pas, Raoul?

- Mais il me semble, monsieur; cependant c’est à vous de décider.

- Passez par l’hôtel de Luynes, Raoul, et faites demander si
madame la duchesse peut vous recevoir. Je vois avec plaisir que
vous n’oubliez pas les convenances. Vous prendrez Grimaud et
Olivain.

- Tous deux, monsieur? demanda Raoul avec étonnement.

Raoul salua et sortit.

En lui regardant fermer la porte et en l’écoutant appeler de sa
voix joyeuse et vibrante Grimaud et Olivain, Athos soupira.

- C’est bien vite me quitter, pensa-t-il en secouant la tête;
mais il obéit à la loi commune. La nature est ainsi faite, elle
regarde en avant. Décidément il aime cette enfant; mais m’aimera-
t-il moins pour en aimer d’autres?

Et Athos s’avoua qu’il ne s’attendait point à ce prompt départ;
mais Raoul était si heureux que tout s’effaça dans l’esprit
d’Athos devant cette considération.

À dix heures tout était prêt pour le départ. Comme Athos regardait
Raoul monter à cheval, un laquais le vint saluer de la part de
madame de Chevreuse. Il était chargé de dire au comte de La Fère
qu’elle avait appris le retour de son jeune protégé, ainsi que la
conduite qu’il avait tenue à la bataille et qu’elle serait fort
aise de lui faire ses félicitations.

- Dites à madame la duchesse, répondit Athos, que M. le vicomte
montait à cheval pour se rendre à l’hôtel de Luynes.

Puis, après avoir fait de nouvelles recommandations à Grimaud,
Athos fit de la main signe à Raoul qu’il pouvait partir.

Au reste, en y réfléchissant, Athos songeait qu’il n’y avait point
de mal peut-être à ce que Raoul s’éloignât de Paris en ce moment.
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Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XLIV. Paternité
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