III
« Tressaillez d'allégresse, ô peuples de la terre!
« Chantez avec les cieux l'éternel hozanna!
« Car Dieu vient d'opposer le pardon du Calvaire
« Aux foudres du Sina!
« Sion! ferme à jamais tes augustes portiques!
« N'éveille plus l'écho de tes lambris dorés!
« Plus d'agneaux égorgés dans tes parvis antiques,
« Sur tes autels sacrés!
« Éteints tes encensoirs dont la flamme odorante
« Roule en flots de parfums, se ranime ou s'endort!
« Plus de fêtes le soir à la lueur mourante
« De tes sept lampes d'or!
« Ne verse plus à flots le nard et le dictame,
« N'embaume plus les airs du parfum le plus pur,
« Ne brûle plus l'encens, la myrrhe et le cinname
« Dans tes urnes d'azur!
« Suspendez vos accords, ô bardes de Solyme:
« Les harpes d'Israël ont horreur de vos mains
« Qui viennent d'immoler une auguste victime,
« Le sauveur des humains.
« Malheur à toi, Sion! malheur aux déicides!
« Bientôt tes ennemis cerneront tes remparts;
« Sur toi des légions de soldats intrépides
« Fondront de toutes parts.
« À son banquet ton Dieu t'appela la première,
« Mais, ingrate Sion, tu fus sourde à sa voix;
« Et voilà que son bras a réduit en poussière
« Le sceptre de tes rois.
« Il a lancé sur toi ses foudres vengeresses:
« Ton temple, tes autels sont détruits pour toujours;
« Il a frappé du pied tes hautes forteresses,
« Tes orgueilleuses tours!
« Quitte, Galiléen, ta retraite profonde;
« Va par tout l'Univers faire entendre ta voix
« Et timide pêcheur va conquérir le monde:
« Ton arme c'est la croix!
« Et vous qu'à son banquet le Tout-Puissant convie,
« Ô race des gentils, ô fortunés mortels!
« À celui dont la mort vous a donné la vie
« Élevez des autels.
« Tressaillez d'allégresse, ô peuples de la terre!
« Chantez avec les cieux l'éternel hozanna!
« Car Dieu vient d'opposer le pardon du Calvaire
« Aux foudres du Sina! »