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 Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie ' Mme Joseph Marmette.

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James
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James


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Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie ' Mme Joseph Marmette. Empty
MessageSujet: Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie ' Mme Joseph Marmette.   Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie ' Mme Joseph Marmette. Icon_minitimeLun 17 Juin - 21:44

' Mme Joseph Marmette.

Une soeur est un don du ciel comme l'épouse;
Dieu les met dans nos jours pour qu'ils nous soient plus doux.
L'une de consoler les peines est jalouse,
L'autre est l'ange d'amour qu'on adore à genoux.
Toi, toi, dans ton coeur d'or, toi, ma soeur, la première,
Tu reçus de mon coeur les confiants aveux,
Et parfois tu voulus, colombe-messagère,
Porter mes chers secrets, mes soupirs et mes voeux.
O doux ressouvenir d'anciens jours pleins de charmes!
Pleins de charmes pour moi, car ta jeune âme encor,
Redoutant de l'amour et l'ivresse et les larmes,
Dans un monde inconnu n'osait prendre l'essor...
Mais tombe, tombe, Oubli, sur ces scènes heureuses!
Le passé ne peut plus me sourire à présent.
La Mort, qui se repaît de larmes douloureuses,
A dans les pleurs noyé mon coeur en le brisant.
Oui, la Mort, la Mort sourde, aveugle, sans entrailles,
Un jour, heurtant le seuil, s'écria: Me voilà!
Et, jetant tout à coup sa grêle ombre aux murailles,
Fit fuir notre bonheur, fidèle jusque-là.
Hélas! nous entourions à genoux notre père;
Ses yeux près de s'éteindre à ses côtés cherchaient,
Sans rien voir ils cherchaient, toi, sans doute, ma mère,
Et nous, ses quatre enfants; ses lèvres remuaient.

Pour mieux rasséréner sa paisible agonie,
On faisait à voix haute une prière à Dieu.
C'était une suprême et lente litanie...
Soudain un grand sanglot la rompit au milieu...
Au bruit des tristes pleurs et des saintes paroles
La chère âme défit ses liens doucement...
Ah! là-haut les martyrs, aux vives auréoles,
Ont conduit cette soeur au Christ, le Dieu clément.
Maintenant la tristesse est dans nos deux demeures.
Si du moins nous avions pour nous tous un seul toit!
Si je pouvais sécher tes larmes quand tu pleures!
Si tu pouvais encor me presser contre toi!
Tu dis: « Seules ainsi, nos jours sont bien arides.
« Mais béni soit le ciel qui nous veut séparer!
« À tout foyer sans doute il est des places vides;
« Chacun a ses absents et ses morts à pleurer... »
- Oui, ma soeur, une peine est de peines suivie,
Comme un flot par des flots, c'est la loi d'ici-bas;
Oui, tôt ou tard, le sort, désenchantant la vie,
Sème tombes, débris et ronces sous nos pas.
Pourtant, si vous vouliez, ô ma soeur, ô ma mère.
Dans l'ombre où nous pleurons les rayons renaîtraient;
Même au flot débordant de notre coupe amère
Quelques gouttes de baume aussi se mêleraient.

À vous, à moi, l'absence allonge les semaines;
Vous gémissez, mon coeur soupire incessamment;
Mille inquiets pensers ajoutent à vos peines,
Je sens partout le deuil de votre éloignement.

Eh bien! mettons un terme à ce long ennui sombre;
Venez à mon foyer vous asseoir toutes deux.
Des anges du logis vous doublerez le nombre;
Et nous redeviendrons ensemble presque heureux.

Le liseron charmant suspend ainsi ses branches
Quelquefois au-dessus d'un vieux seuil sans beauté,
Et, le couvrant soudain de ses larges fleurs blanches,
L'embellit pour le don de l'hospitalité.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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