DESTINÉE.
SONNET.
Comme la vie est faite, et que le train du monde
Nous pousse aveuglément en des chemins divers;
Pareil au juif maudit, l'un, par tout l'univers,
Promène sans repos sa course vagabonde;
L'autre, vrai docteur Faust, baigné d'ombre profonde,
Auprès de sa croisée étroite, à carreaux verts,
Poursuit de son fauteuil quelques rêves amers,
Et dans l'âme sans fond laisse filer la sonde.
Eh bien! celui qui court sur la terre, était né
Pour vivre au coin du feu; le foyer, la famille,
C'était son voeu; mais Dieu ne l'a pas couronné.
Et l'autre, qui n'a vu du ciel que ce qui brille
Par le trou du volet, était le voyageur;
Ils ont passé tous deux à côté du bonheur.