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 Théophile Gautier (1811-1872) LE THERMODON. I

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James
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James


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Théophile Gautier (1811-1872) LE THERMODON. I Empty
MessageSujet: Théophile Gautier (1811-1872) LE THERMODON. I   Théophile Gautier (1811-1872) LE THERMODON. I Icon_minitimeLun 24 Juin - 20:55

LE THERMODON.



I.


J'ai, dans mon cabinet, une bataille énorme
Qui s'agite et se tord comme un serpent difforme,
Et dont l'étrange aspect arrête l'oeil surpris;
On dirait qu'on entend, avec un sourd murmure,
La gravure sonner comme une vieille armure,
Et le papier muet semble jeter des cris.

Un pont, par où se rue une foule en démence,
Arc-en-ciel de carnage, ouvre sa courbe immense,
Et, d'un cadre de pierre, entoure le tableau;
A travers l'arche, on voit une ville enflammée,
D'où montent, en tournant, de longs flots de fumée,
Dont le rouge reflet brille et tremble sur l'eau.

Une barque, pareille à la barque des ombres,
Glisse sinistrement au dos des vagues sombres,
Portant, triste fardeau, des vaincus et des morts;
Une averse de sang pleut des têtes coupées;
Des mains, par l'agonie, éperdument crispées,
Avec leurs doigts noueux s'accrochent à ses bords.

Pour recevoir le corps, mort ou vivant, qui tombe,
Le grand fleuve a toujours toute prête une tombe;
Il le berce un moment, et puis il l'engloutit;
Les flots toujours béants, de leurs gueules voraces,
Dévorent cavaliers, chevaux, casques, cuirasses,
Tout ce que le combat jette à leur appétit.

Ici c'est un cheval qui s'effare et se cabre,
Et se fait, dans sa chute, une blessure au sabre
Qu'un mourant tient encor dans son poing fracassé;
Plus loin, c'est un carquois plein de flèches, qui verse
Ses dards en pluie aiguë, et dont chaque trait perce
Un cadavre déjà de cent coups traversé.

C'est un rude combat! chevelures, crinières,
Panaches et cimiers, enseignes et bannières,
Au souffle des clairons volent échevelés;
Les lances, ces épis de la moisson sanglante,
S'inclinent à leur vent en tranche étincelante,
Comme sous une pluie on voit pencher des blés.

Les glaives dentelés font d'affreuses morsures;
Le poignard altéré, plongeant dans les blessures,
Comme dans une coupe, y boit à flots le sang;
Et les épieux, rompant les armes les plus fortes,
Pour le ciel ou l'enfer, ouvrent de larges portes
Aux âmes qui des corps sortent en rugissant.

Quelle férocité de dessin et de touche,
Quelle sauvagerie et quelle ardeur farouche!
Qui signa ce poëme étrange et véhément?
C'est toi, maître suprême, à la main turbulente,
Peintre au non rouge, roi de la couleur brûlante,
Divin Néerlandais, Michel-Ange flamand!

C'est toi, Rubens, c'est toi, dont la rage sublime,
Pencha cette bataille au bord de cet abîme,
Qui joignis ses deux bouts comme un bracelet d'or,
Et lui mis pour camée un beau groupe de femmes,
Si blanches, que le fleuve aux triomphantes lames,
S'apaise et n'ose pas les submerger encor!

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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