184 ÉPITRES.
Loin de toi, dans l'opprobre ils meurent avilis;
Pour conserver leur trône ils doivent être unis.
Alors de l'univers ils forcent les hommages;
Tout, jusqu'à Plutus même, encensé leurs imagés;
Tout devient juste alors; et le peuple et les grands,
Quand l'homme est respectable, honorent les talens.
Ainsi l'on vit les Grecs prôner d'un même zèle
La gloire d'Alexandre et la gloire d'Apelle;
La main de Phidias créa des immortels;
Et Smyrne à son Homère éleva des autels.
Nous, amis, cependant, de qui la noble audace
Veut atteindre aux lauriers de l'antique Parnasse,
Au rang de ses granas noms nous pouvons être admis;
Soyons cités comme eux entre les vrais amis.
Qu'au-delà chi trépas notre ame mutuelle
Vive et respire encor sur la lyre immortelle.
Que nos noms soient sacrés; que nos chants glorieux
Soient pour tous les amis un code précieux.
Qu'ils trouvent dans nos vers leur ame et leurs pensées;
Qu'ils raniment encor nos muses éclipsées;
Et qu'en nous imitant ils s'attendent un jour
D'être chez leurs neveux imités à leur tour.