La muse aimée.
Sonnet 2.
En vain de cent beautez ma muse est poursuivie,
En vain par les accens d' un vers doux et flateur,
Je suis de leur esprit l' agreable enchanteur,
J' ay plus pour leurs appas de pitié, que d' envie.
Encor qu' à les aimer leur amour me convie,
Un plus puissant objet s' est rendu mon vainqueur ;
La beauté de Claudine est l' ame de mon coeur,
Et ce nom remplira les fastes de ma vie.
Mais apres tant d' amour, l' ingrate en a si peu,
Que le plus froid hyver est plus chaud que son feu,
Sa bouche n' a pour moy ny douceur, ny loüange.
Ô nymphe dont mon coeur adore les appas,
Seray-je comme l' or sur les rives du Gange,
Que le Gange possede, et qu' il ne connoist pas ?