Sur une muse champestre.
Sonnet.
Je pensois qu' au milieu des palais frequentez,
Brillans d' or, et d' azur, de porphire, et d' yvoire,
La muse eût estably le throsne de sa gloire,
Desdaignant les ruisseaux, et les bois escartez.
Mais depuis que l' amour de ses traits redoutez
Eut traversé ton coeur sur les rives de Loire ;
Tu te plaignis si bien, que j' eus sujet de croire
Qu' elle se plaist aux champs plus que dans les citez.
Dans le sein de tes bois elle fait sa retraitte,
Leur silence luy plaist, et leur ombre secrette
Luy semble preferable à la clarté du jour ;
Précieuse faveur, qui nous fait bien connestre
Que tous les airs contraints des muses de la cour
Cedent aux libres sons de ta muse champestre !