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 Victor HUGO (1802-1885) Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main

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Inaya
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Victor HUGO (1802-1885) Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main    Victor HUGO (1802-1885) Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main  Icon_minitimeSam 17 Sep - 0:21

Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main
Qui sema ne veut pas accepter la récolte,
Le fer dit que le sang qui jaillit, se révolte.

Voilà ce que m'apprit l'histoire. Oui, c'est cruel,
Ma raison a tué mon royalisme en duel.
Me voici jacobin. Que veut-on que j'y fasse?
Le revers du louis dont vous aimez la face,
M'a fait peur. En allant librement devant moi,
En marchant, je le sais, j'afflige votre foi,
Votre religion, votre cause éternelle,
Vos dogmes, vos aïeux, vos dieux, votre flanelle,
Et dans vos bons vieux os, faits d'immobilité,
Le rhumatisme antique appelé royauté.
Je n'y puis rien. Malgré menins et majordomes,
Je ne crois plus aux rois, propriétaires d'hommes;
N'y croyant plus, je fais mon devoir, je le dis.
Marc-Aurèle écrivait: -Je me trompais jadis;
-Mais je ne laisse pas, allant au juste, au sage,
-Mes erreurs d'autrefois me barrer le passage.-
Je ne suis qu'un atome et je fais comme lui;
Marquis, depuis vingt ans, je n'ai, comme aujourd'hui,
Qu'une idée en l'esprit: servir la cause humaine.
La vie est une cour d'assises; on amène
Les faibles à la barre accouplés aux pervers.
J'ai, dans le livre, avec le drame, en prose, en vers
Plaidé pour les petits et pour les misérables,
Suppliant les heureux et les inexorables;
J'ai réhabilité le bouffon, l'histrion,
Tous les damnés humains, Triboulet, Marion,
Le laquais, le forçat et la prostituée;
Et j'ai collé ma bouche à toute âme tuée,
Comme font les enfants, anges aux cheveux d'or,
Sur la mouche qui meurt, pour qu'elle vole encor.
Je me suis incliné sur tout ce qui chancelle,
Tendre, et j'ai demandé la grâce universelle;
Et, comme j'irritais beaucoup de gens ainsi,
Tandis qu'en bas peut-être on me disait: Merci,
J'ai recueilli souvent, passant dans les nuées,
L'applaudissement fauve et sombre des huées;
J'ai réclamé des droits pour la femme et l'enfant;
J'ai tâché d'éclairer l'homme en le réchauffant;
J'allais criant: Science! écriture! parole!
Je voulais résorber le bagne par l'école;
Les coupables pour moi n'étaient que des témoins.
Rêvant tous les progrès, je voyais luire moins
Que le front de Paris la tiare de Rome.
J'ai vu l'esprit humain libre, et le coeur de l'homme
Esclave; et j'ai voulu l'affranchir à son tour,
Et j'ai tâché de mettre en liberté l'amour.
Enfin, j'ai fait la guerre à la Grève homicide,
J'ai combattu la mort, comme l'antique Alcide;
Et me voilà; marchant toujours, ayant conquis,
Perdu, lutté, souffert. Encore un mot, marquis,
Puisque nous sommes là causant entre deux portes.
On peut être appelé renégat de deux sortes:
En se faisant païen, en se faisant chrétien.
L'erreur est d'un aimable et galant entretien.
Qu'on la quitte, elle met les deux poings sur sa hanche.
La vérité, si douce aux bons, mais rude et franche,
Quand pour l'or, le pouvoir, la pourpre qu'on revêt,
On la trahit, devient le spectre du chevet.
L'une est la harengère, et l'autre est l'euménide.
Et ne nous fâchons point. Bonjour, Épiménide.

Le passé ne veut pas s'en aller. Il revient
Sans cesse sur ses pas, reveut, reprend, retient,
Use à tout ressaisir ses ongles noirs; fait rage;
Il gonfle son vieux flot, souffle son vieil orage,
Vomit sa vieille nuit, crie: A bas! crie: A mort!
Pleure, tonne, tempête, éclate, hurle, mord.
L'avenir souriant lui dit: Passe, bonhomme.

L'immense renégat d'Hier, marquis, se nomme
Demain; mai tourne bride et plante là l'hiver;
Qu'est-ce qu'un papillon? le déserteur du ver;
Falstaff se range? il est l'apostat des ribotes;
Mes pieds, ces renégats, quittent mes vieilles bottes;
Ah! le doux renégat des haines, c'est l'amour.
A l'heure où, débordant d'incendie et de jour,
Splendide, il s'évada de leurs cachots funèbres,
Le soleil frémissant renia les ténèbres.

O marquis peu semblable aux anciens barons loups,
O Français renégat du Celte, embrassons-nous.
Vous voyez bien, marquis, que vous aviez trop d'ire.
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Victor HUGO (1802-1885) Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main
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