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 Victor HUGO (1802-1885) Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,

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Inaya
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Inaya


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Victor HUGO (1802-1885) Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,    Victor HUGO (1802-1885) Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,  Icon_minitimeSam 17 Sep - 0:22

Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,
Non, rien n'a varié; je suis toujours celui
Qui va droit au devoir, dès que l'honnête a lui,
Qui, comme Job, frissonne aux vents, fragile arbuste,
Mais veut le bien, le vrai, le beau, le grand, le juste.
Je suis cet homme-là, je suis cet enfant-là.
Seulement, un matin, mon esprit s'envola,
Je vis l'espace large et pur qui nous réclame;
L'horizon a changé, marquis, mais non pas l'âme.
Rien au dedans de moi, mais tout autour de moi.
L'histoire m'apparut, et je compris la loi
Des générations, cherchant Dieu, portant l'arche,
Et montant l'escalier immense marche à marche.
Je restai le même oeil, voyant un autre ciel.
Est-ce ma faute, à moi, si l'azur éternel
Est plus grand et plus bleu qu'un plafond de Versailles?
Est-ce ma faute, à moi, mon Dieu, si tu tressailles
Dans mon coeur frémissant, à ce cri: Liberté!
L'oeil de cet homme a plus d'aurore et de clarté,
Tant pis! prenez-vous-en à l'aube solennelle.
C'est la faute au soleil et non à la prunelle.
Vous dites: Où vas-tu? Je l'ignore; et j'y vais.
Quand le chemin est droit, jamais il n'est mauvais.
J'ai devant moi le jour et j'ai la nuit derrière;
Et cela me suffit; je brise la barrière.
Je vois, et rien de plus; je crois, et rien de moins.
Mon avenir à moi n'est pas un de mes soins.
Les hommes du passé, les combattants de l'ombre,
M'assaillent; je tiens tête, et sans compter leur nombre,
A ce choc inégal et parfois hasardeux.
Mais Longwood et Goritz* m'en sont témoins tous deux,
Jamais je n'outrageai la proscription sainte.

[* On n'a rien changé à ces vers, écrits en 1846. Aujourd'hui, l'auteur
eût ajouté Claremont.]

Le malheur, c'est la nuit; dans cette auguste enceinte,
Les hommes et les cieux paraissent étoilés.
Les derniers rois l'ont su quand ils s'en sont allés.
Jamais je ne refuse, alors que le soir tombe,
Mes larmes à l'exil, mes genoux à la tombe;
J'ai toujours consolé qui s'est évanoui;
Et, dans leurs noirs cercueils, leur tête me dit oui.
Ma mère aussi le sait! et de plus, avec joie,
Elle sait les devoirs nouveaux que Dieu m'envoie;
Car, étant dans la fosse, elle aussi voit le vrai.
Oui, l'homme sur la terre est un ange à l'essai;
Aimons! servons! aidons! luttons! souffrons! Ma mère
Sait qu'à présent je vis hors de toute chimère;
Elle sait que mes yeux au progrès sont ouverts,
Que j'attends les périls, l'épreuve, les revers,
Que je suis toujours prêt, et que je hâte l'heure
De ce grand lendemain: l'humanité meilleure!
Qu'heureux, triste, applaudi, chassé, vaincu, vainqueur,
Rien de ce but profond ne distraira mon coeur,
Ma volonté, mes pas, mes cris, mes voeux, ma flamme!
O saint tombeau, tu vois dans le fond de mon âme!

Oh! jamais, quel que soit le sort, le deuil, l'affront,
La conscience en moi ne baissera le front;
Elle marche, sereine, indestructible et fière;
Car j'aperçois toujours, conseil lointain, lumière,
A travers mon destin, quel que soit le moment,
Quel que soit le désastre ou l'éblouissement,
Dans le bruit, dans le vent orageux qui m'emporte,
Dans l'aube, dans la nuit, l'oeil de ma mère morte!

Paris, juin 1846.
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Victor HUGO (1802-1885) Rien, au fond de mon coeur, puisqu'il faut le redire,
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