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 Victor HUGO (1802-1885) Et l'homme dit : - Mer affreuse

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Et l'homme dit : - Mer affreuse   Victor HUGO (1802-1885) Et l'homme dit : - Mer affreuse Icon_minitimeMar 27 Sep - 21:18

Et l'homme dit : - Mer affreuse,
Que le char des foudres creuse
Sous son essieu,
Tais-toi dans ton ossuaire.
Tu cherches ton belluaire ?
Gouffre, c'est Dieu !

Écoute-moi. La loi change.
Je vois poindre aux cieux l'archange !
L'esprit du ciel
M'a crié sur la montagne :
« Tout enfer s'éteint ; nul bagne
N'est éternel. »

Je ne hais plus, mer profonde.
J'aime. J enseigne, je fonde.
Laisse passer.
Satan meurt, un autre empire
Naît, et la morsure expire
Dans un baiser.

Tu ne dois plus dire : arrière !
Tu n'es plus une barrière,
Dragon marin.
Sers l'avenir ! porte l'arche.
Rien n'arrête l'homme en marche
Vers Dieu serein.

Rien ! pas même toi, chimère,
Monstre de l'écume amère,
Géant puni,
Toi qui, seul dans ta nuit sombre,
As fait ton onde avec l'ombre
De l'infini !

Je vais ! je suis le prophète.
À la houle stupéfaite
Je dis mon nom.
La trombe accourt ; ma pensée
Fait rentrer cette insensée
Au cabanon.

L'esprit de l'homme, lumière,
Domptant la nature entière,
Onde ou volcan,
Plonge sa clarté sacrée
Dans la prunelle effarée
De l'ouragan.

Pour qu'à nos pas on se range,
Nous n'avons qu'à dire à l'ange
Comme aux démons,
Qu'à dire aux torrents de soufre,
Et qu'à te dire à toi, gouffre :
Nous nous aimons !
L'amour, c'est la loi suprême.
L'amour te vaincra toi-même.
Ton bruit est vain.
Pour que, caressant ta grève,
Ton hymne d'enfer s'achève
En chant divin,

Pour que ton hurlement tombe
Il suffit que la colombe
Qui vient le soir,
Ô sombre gouffre d'écume,
Laisse tomber une plume
Sur ton flot noir.

L'amour, c'est le fond de l'homme.
L'amour, c'est l'antique pomme
Qu'Ève cueillit.
L'ombre passe, l'amour reste.
Il est astre au dais céleste,
Perle en ton lit.

Nos inventions nouvelles
Prendront à tes vents des ailes ;
Dieu nous sourit ;
Nous monterons sur ta rage,
Nous attellerons l'orage
À notre esprit.

Oui, malgré tes chocs sauvages,
Nous lierons tes deux rivages
D'un trait de feu ;
L'avenir aura deux Romes,
Et, près de celle des hommes,
Celle de Dieu.

L'avenir aura deux temples,
Deux lumières, deux exemples,
Un double hymen,
La liberté, force et verbe,
L'unité, portant la gerbe
Du genre humain.

Tais-toi, mer ! Les coeurs s'appellent ;
Les fils de Caïn se mêlent
Aux fils d'Abel ;
L'homme, que Dieu mène et juge,
Bâtira sur toi, déluge,
Une Babel.

À cette Babel morale
Aboutira la spirale
Des deux Sions,
Où sans cesse recommence
Le fourmillement immense
Des nations ;

Et tu verras sans colère,
Du tropique au flot polaire
Dieu te calmant,
Au-dessus de l'eau sonore,
Se construire dans l'aurore
Superbement

Les progrès et les idées,
Pont de cent mille coudées
Que rien ne rompt,
Et sur tes sombres marées
Ces arches démesurées
Resplendiront.
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Victor HUGO (1802-1885) Et l'homme dit : - Mer affreuse
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