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 Joseph Autran (1813-1877) L’Ambassade.

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Joseph Autran (1813-1877) L’Ambassade. Empty
MessageSujet: Joseph Autran (1813-1877) L’Ambassade.   Joseph Autran (1813-1877) L’Ambassade. Icon_minitimeDim 8 Jan - 17:55

L’Ambassade.

LE soir est clair et doux: l’oiseau chante dans l’arbre.
Charlemagne est assis sur un perron de marbre;
Ses barons, près de lui, rêvent silencieux.
Jouissant du repos et de l’éclat des cieux,
Et de ce vent du soir qui dans les pins se joue,
Charlemagne est assis en face de Cordoue;
Il médite, ombragé d’un large parasol.
Quand les ambassadeurs du vieux chef espagnol
Arrivent, demandant à parler au monarque,
Du soleil africain leur front porte la marque:
Ils viennent, revêtus d’habits tout reluisants.
Et suivis de grands chars encombrés de présents.

Le soir est clair et doux, et la campagne brille;

« Empereur, dit l’un d’eux, au nom du roi Marsille,
Nous venons le trouver. Après tant de combats,
Il voudrait aujourd’hui mettre les armes bas.
Toi-même, ayant sué si longtemps sous le heaume,
Tu dois avoir besoin de revoir ton royaume.
Tes chevaliers sont las, tes chevaux fatigués;
Tristes, ils ont passé tant de monts, tant de gués,
Qu’ils ont au coeur le mal de l’absente patrie.
On expie à la fin trop de chevalerie.
Si tu conclus la paix et consens à partir,
Écoute, - aucun de nous n’est homme à te mentir, -
Marsille, au bout d’un mois, dans ton palais de France
Ira te retrouver; il t’en donne assurance.
Il ira sans escorte, et, devenu chrétien,
S’il te faut un vassal, il deviendra le tien.
Accepte, en attendant, les présents qu’il t’envoie,
Ces tuniques de pourpre et ces tapis de soie,
Des ours, des lévriers en laisse et des chameaux.»

L’empereur, attentif, se recueille à ces mots.
Il ne se doute point que ce peuple parjure
Machine contre lui l’artifice et l’injure.
Or, pendant qu’il médite et ne se résout pas,
Un des ambassadeurs à Roland dit tout bas:

« Si tu veux nous servir auprès du roi, ton maître,
Tu recevras un don qui te plaira peut-être:
Vingt chameaux chargés d’or, des faucons, des autours,
Des chiens que le valet mène en laisse, des ours:
Enfin, pour complément et largesse dernière,
Un grand lion d’Afrique, à la fauve crinière,
Un monstre du désert qui n’a pas son égal.
II fut pris par Nago, prince du Sénégal,
Qui, l’ayant vu dormant un soir dans les broussailles.
Soudain l’enveloppa dans un filet de mailles.

- Roland, dit l’empereur, parle, conseille-moi.
- Chassez-moi ces gens-là, répond-il à son roi;
J’ai connu leurs pareils quand j’étais en Asie.
Ma franchise a l’horreur de leur hypocrisie.
Faites-moi balayer jusques à l’horizon
Ces lâches artisans de quelque trahison!. . .»
Après quoi, s’adressant, d’un geste de menace,
A celui qui tantôt lui parlait à voix basse:
« Mon ami, lui dit-il, abrégeons les discours;
Je n’aime pas les chiens, je n’ai pas besoin d’ours,
Je n’ai pas besoin d’or que la trahison sème,
Ni besoin de lions, car j’en suis un moi-même!»





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