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 Paul Claudel. (1868-1955) Tempête.

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Paul Claudel. (1868-1955) Tempête. Empty
MessageSujet: Paul Claudel. (1868-1955) Tempête.   Paul Claudel. (1868-1955) Tempête. Icon_minitimeLun 18 Juin - 21:39

Tempête.

Au matin, laissant une terre couleur de rose et de miel, notre navire entre dans
la haute mer et les fumées de vapeurs basses et molles. Quand -m’étant éveillé
de ce sombre songe, -je cherche le soleil, je vois derrière nous qu’il se
couche: mais au devant de nous, limitant l’espace noir et mort de la mer, un
long mont, tel qu’un talus de neige, barre, d’un bout à l’autre du ciel, le
Nord; rien ne manque à l’Alpe, ni l’hiver, ni la rigidité. Seul au milieu de la
solitude, comme un combattant qui s’avance dans l’énorme arène, notre navire
vers l’obstacle blanc qui grandit fend les eaux mélancoliques. Et tout à coup la
nuée, comme une capote de voiture que l’on tire, nous dérobe le ciel: dans cette
fente de jour qu’elle laisse à l’horizon postérieur, d’un regard je veux voir
encore l’apparence du soleil, des îles éclairées comme d’un feu de lampe, trois
jonques debout sur l’arête extrême de la mer. Nous fonçons maintenant au travers
du cirque ravagé des nuages. La plaine oscille, et, selon le propre mouvement de
l’abîme où participe notre planche, la proue, solennellement comme si elle
saluait, ou comme un coq qui mesure l’adversaire, se lève et plonge. Voici la
nuit; du Nord avec âpreté sort un souffle plein d’horreur. D’une part, une lune
rouge en marche par la nue désordonnée la fend d’un tranchant lenticulaire; de
l’autre Fanal la lampe au visage convexe de verre ridé est hissée à notre
misaine. Cependant tout est calme encore; la gerbe d’eau jaillit toujours devant
nous avec égalité, et, traversée d’un feu obscur, comme un corps fait de larmes,
se roule en ruisselant sur notre taillemer.
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Paul Claudel. (1868-1955) Tempête.
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