La lettre de Pierrot
7 mars 1906
Loin de toi ô ma bien aimée
Je pleure hélas comme un enfant
La flamme trop tôt consumée
De notre amour mort maintenant
Je pleure seul dans ma mansarde
Où jadis nous vivions heureux
La lune pâle me regarde
Comme elle est triste dans les cieux
Il fut un temps où sa lumière
Se faisait plus douce à nos yeux
Mais tout passe sur cette terre
Le bonheur, les jours malheureux
Quand la nuit sombre, de ses voiles
A couvert la grande cité
Et que les nombreuses étoiles
Dans les ténèbres ont brillé
Je rêve des heures passées
Les soirs où tu m'aimais bien fort
Des chimères vite effacées
Comme une image dans la mort
Parfois j'écoute la folie
Qui me parle de ton retour
Je crois te revoir plus jolie
Plus aimante qu'au premier jour
Je crois te voir encor plus belle
Dans l'ombre de nos souvenirs
Mais l'heure s'écoule cruelle
Longue dans l'affre des soupirs
Reviens apaiser mes alarmes
Mes grands chagrins et ma douleur
Reviens tu sècheras mes larmes
Pierrette si tu as un coeur
Alors dans ma vieille mansarde
La lune au regard douloureux
La lune morose et blafarde
Brillera plus douce à nos yeux
Honoré HARMAND