Les cloches
2 janvier 1910
Les cloches sont roses,
Quand les fleurs écloses
Au sein du printemps
Parfument les champs.
Et que les enfants,
Paupières mi closes
Aux métamorphoses
Croient, les innocents.
Les cloches sont roses
Aux yeux des enfants.
Les cloches sont blanches
Quand on cueille aux branches
Les lilas fleuris :
Et que dans leurs nids
Les oiseaux blottis,
Chantent les dimanches
Où nos gaîtés franches
N'ont plus de soucis.
Les cloches sont blanches
Pour les coeurs unis.
Les cloches sont grises
Quand les froides bises
Soufflent ; vent du nord ;
Et que vers le port
Dans un froid décor
S'en vont les promises
Chercher les surprises
De la vie à bord.
Les cloches sont grises
Aux yeux bleus du Sort.
Les cloches sont noires,
Quand de nos victoires
Les jours disparus
Pour nous ne sont plus
Que songes confus ;
Et que nos déboires
Survivent aux gloires
Des bonheurs perdus.
Les cloches sont noires
Aux amours déçus.
Honoré HARMAND