Pastorale
A mon épouse
7 janvier 1910
Jean le berger, sur le coteau
Attendait Jeanne la bergère.
Caché dans la haute fougère
Il suivait des yeux son troupeau.
Il rêvait à ces douces choses
Que seul sait enfanter l'amour
Quand l'âme et le coeur tour à tour
Vivent des mêmes rêves roses.
Il disait : je veux la parer
Des diamants de la Nature
Et que dans l'onde la plus pure
Elle puisse se contempler
Et je cueillerai les étoiles
Qui scintillent au front des cieux
Et j'ornerai ses bruns cheveux
Des brumes déroulant leurs voiles.
J'effeuillerai sur son chemin
Des bouquets de roses trémières
Pour que leurs effluves légères
Grisent son coeur d'amour divin
Mais Jeanne arrivant en sourdine
Surprit Jean à son rêve d'or
Pour moi quels beaux présents encor
Achèteras-tu ? J'imagine
Que c'est trop, dit-elle, et l'argent
Pour acheter tant de chimères
Manque à ta fortune éphémère
Nos désirs s'envolent au vent.
Mais Jean lui répondit : je gage
Pouvoir acheter le bonheur
Puisque je possède ton coeur
L'Amour n'exige davantage.
Honoré HARMAND