Destinée
2 juillet 1936
Dans la chambre où mourut ma mère
Destin ! Tu me fais revenir
Ne crois pas que le souvenir
Est synonyme de chimère !
Cruel ! Tu crois m'épouvanter
Et sembles douter de ma force
Ne me juges pas à mon torse
Les lourds fardeaux je sais porter.
D'un gai Noël, c'était la veille
Et mon vieux père, à mes côtés
Voyait ses bonheurs escomptés
Fuir lentement avec sa vieille.
Elle ferma ses grands yeux bleus
Sans exhaler la moindre plainte
Et quitta le monde sans crainte
Comme le font tous les bienheureux.
Dans la chambre où mourut ma mère
Je suis très fier de revenir
Pour raviver le souvenir
De celle qui me fut si chère.
Honoré HARMAND