Le grand vide
A mon fils et à son intime Maurice
Suite à une visite de mes enfants
Dimanche 31 juillet 1938
La vie a des heures stupides
Des heures creuses et si vides
Que de la vivre on est lassé
On passe dans la joie une heure
Et de gaieté franche on se leurre
Mais « Requiescat in passe »
Vous étiez là, belle jeunesse
Je partageais la folle ivresse ;
Toute l'ardeur de vos vingt ans.
Vos couverts sont encor en place
Celui de mon fils, face à face
Mais les invités sont absents.
Seul autour de la table ronde
Je passe et, malgré tout, je sonde
L'abîme cachant l'avenir
Et, dans l'isolement, je rêve
A des jours heureux où sans trêve
Je me sentirai rajeunir.
Honoré HARMAND