Septembre 1939
Souvenir d'une tragique : c'est la guerre
20 septembre 1939
C'est la guerre. Le jour décline.
Tout seul en mon humble chaumine
Je songe aux heures du bon temps.
L'existence était vraiment belle.
On ignorait le mot « rebelle »
Quand revenait le gai printemps.
On respirait l'odeur des roses
Et l'on offrait des lèvres roses
A la source de leurs parfums.
Aujourd'hui, sous des feuilles mortes,
Couvrant la haine des cohortes
On cherche des bonheurs défunts.
Nos yeux penchés sur des abîmes,
Nos coeurs battant pour des victimes
Nous vivons nos jours dans l'effroi.
Nous vieillissons bien avant l'âge
Où la mort attend son otage
Et sentons que nos os ont froid.
Mais, fiers, nous relevons la tête
Pensant que soit morte la bête,
Auteur de son crime impuni.
Qu'importe un mauvais vent qui passe ;
Nous contemplons le grand espace
Qui nous guide vers l'infini.
Honoré HARMAND