Un « Au revoir »
(A la suite d'une visite de Raymond et Léone)
20 août 1941
Un « Au revoir », pour le profane,
C'est une rose qui se fane
Et que l'on jettera demain ;
Mais pour moi c'est autre chose :
C'est un baiser que l'on dépose,
Gentiment, au creux de la main.
Ah ! Comme le temps passe vite.
En ce jour aucune visite
Ne vient me distraire un moment.
D'être seul j'ai pris l'habitude ;
Mais pour tromper la solitude
Je pense à vous, tout simplement.
Je me rappelle un beau dimanche
Sur son souvenir je me penche
Et me distrais à ma façon.
A l'Ennui donnant la riposte
Nerveusement j'ouvre mon poste ;
Mais je n'entends pas la chanson.
Celle que j'aime et me console ;
Sans un air, sans une parole :
Un geste au parfum d'encensoir.
Quand je vous vois prendre la route,
Au triste instant que je redoute,
Et que vous faites « Au revoir ».
Là je m'efforce de comprendre
Que le désir de vous attendre
Est encore un bienfait de Dieu.
Car, tôt ou tard sonnera l'heure
Où sur le seuil de ma demeure
Vous viendrez pour me dire « Adieu ».
Honoré HARMAND