Ma fortune
1 septembre 1942
Ma fortune, à compter --facile,
Après tout se résume à rien
Et, pourtant, calculant mon bien
Je suis riche en billets de mille.
Mes enfants sont mon seul trésor,
Car ils me permettent de suivre
La pièce où la raison de vivre
Se joue en changeant de décor.
Je leur consacre ma pensée
Et le fardeau de mes tourments
Est allégé aux durs moments
De mon existence insensée.
Ils équilibrent ma raison
Aux jours pesants, aux jours moroses
Où je doute des pages roses
Du livre de Lise et Lison.
Ils me consolent quand la peine
A mon coeur a parlé tout bas
En disant : nous ne voulons pas
Que ta grandeur d'âme soit vaine.
Poète, nous te connaissons.
Nous avons bonne souvenance,
Fais comme au temps de notre enfance.
Grise-nous de belles chansons.
Honoré HARMAND