Dialogue
1er décembre 1943
Le Poète
Chère Muse viens près de moi
Tu sais bien que c'est toujours toi
Qui chasses mes pensers moroses.
Aujourd'hui je veux m'évader
Et, comme un enfant, gambader
Parmi des parterres de roses.
La Muse
Ami, je cède à ton désir.
Si tu me permets de choisir
Allons dans le Jardin des rêves.
Les chimères tiennent conseil
En ce lieu baigné de soleil,
Où les heures passent plus brèves.
Le Poète
Allons vers ce monde enchanté
Par les poètes habité
Où toute chanson a des ailes.
Eden aux sites merveilleux
Où les baisers sont les enjeux
Des amours tendres et fidèles.
La Muse
Sur ce vieux banc reposons-nous,
Un livre ouvert sur les genoux.
Parle, dis-moi qui te tourmente !
Ton secret tu peux dévoiler ;
Je saurai bien te consoler :
Ne suis-je pas ta confidente ;
Le Poète
Ce livre, écrit au fil des jours,
C'est le récit de mes amours
Marqué de lourde inquiétude.
C'est alors que tu comprendras
Pourquoi mon pauvre coeur est las
Et que j'aime la solitude.
La Muse
Rappelle-toi, je suis ta soeur.
La colline de ta douleur
A tes côtés je l'ai gravie.
Ami tu ne savais donc pas
Que pour les humains, ici-bas,
Aimer et souffrir c'est la vie.
Honoré HARMAND