Espoir
3 mars 1946
L'hiver hésite à nous quitter
Sans doute veut-il acquitter
Sa lourde dette saisonnière.
Sous ses hardes le mendiant
Tremble, et semblable au juif errant
Traîne le poids de ses misères.
Les frileux oiseaux se sont tus.
Les arbres honteux d'être vus
Pudiques se parent de givre,
Et les champs, d'hermine couverts,
Ont plié leurs beaux tapis verts.
Auraient-ils donc cessé de vivre ?
Le vent insultant, le ciel gris
Ce ne sont, à mon humble avis
Que des symptômes d'agonie.
Il en fut ainsi de tous temps
Et, pour nous le joyeux Printemps
Prépare sa douce harmonie.
Bientôt, des timides buissons
S'envoleront mille chansons ;
Le soleil ouvrira la danse.
Les lilas s'épanouiront
Et les coeurs meurtris céderont
Aux caresses de l'Espérance.
Honoré HARMAND