La lyre brisée
A Mr Albert HAYET
6 mars 1946
Ma lyre s'est brisée et ma Muse affolée
Pleura sur les débris de son buis vermoulu.
Au silence des morts je m'étais résolu
Mais Elle, ne s'est pas encore consolée.
Comme une mère en deuil la pauvre s'est voilée
Et, m'accusant d'un mal que je n'ai pas voulu
Elle a troublé mon coeur d'un chagrin superflu
En fuyant, loin de moi, comme une écervelée.
J'en étais à ce point de la fatalité
Quand, à chanter encor, vous m'avez invité :
Poète il m'a suffi, pour cela, de vous lire.
J'ai retrouvé ma muse errante dans un bois
Et, cédant à l'instant au charme de sa voix
Pour vous j'ai rassemblé les morceaux de ma lyre.
Honoré HARMAND