Un fils ingrat
1er septembre 1946
J'avais rêvé d'un fils qui bercerait ma vie
Dans ses bras vigoureux, lorsque j'aurais vieilli.
Je le voyais, priant, sincère, recueilli
Quand sonnerait, pour moi, l'heure de l'agonie.
J'avais rêvé d'un fils qui bercerait ma vie.
Dans le coeur des mortels un rien peut tout changer.
La jalousie entra dans son âme inhumaine.
La tendresse fit place à la farouche haine ;
Pour toute sa famille il devint étranger.
Dans le coeur des mortels un rien peut tout changer.
Il resta sourd aux lois de la reconnaissance,
Oubliant que sa soeur le sauva de la mort.
En cet esprit étroit Satan fut le plus fort ;
Dans son regard éteint se lut l'indifférence.
Il resta sourd aux lois de la reconnaissance.
La Sagesse m'inspire et je dois pardonner
Aux erreurs de l'ingrat qui de nous se sépare.
Dans le désert du vide où sa raison s'égare
Il me reste un devoir ; celui de le guider.
La Sagesse m'inspire et je dois pardonner.
Honoré HARMAND