Au Vaudreuil
A l'ami Alphonse PICHARD
Souvenir de sa visite au Vaudreuil
1er juin 1948
Chers amis vous pouvez me croire
Je ne raconte pas l'histoire
D'un poète ayant bien vécu.
Certes, le fruit de la vigne
D'écrire l'a rendu digne.
Alphonse en partit convaincu ;
Car il reçut un bon accueil
Au Vaudreuil.
On vit la belle boulangère
Et l'agréable charcutière
Qui nous firent tant les yeux doux.
L'une montrant des dents blanches,
L'autre avec un geste des hanches
Semblait dire : prends mon sein doux
Car on s'amuse sans écueil
Au Vaudreuil.
On rencontra des ménagères
Des vieilles et jeunes bergères,
Et toutes, avec à-propos,
Répondaient, ayant le sourire ;
Sans savoir ce qu'on voulait dire ;
Car on sait jouer sur les mots,
Faisant de l'esprit sans orgueil
Au Vaudreuil.
Le défaut de la gourmandise,
Je le dis en toute franchise
N'est pas notre plus grand défaut.
Alphonse est vraiment le brave homme.
Sa taille ? Trois fois une pomme.
N'empêche qu'il est comme il faut
Car il semble porter le deuil
Du Vaudreuil.
Il peut avoir les souvenances
De substantielles bombances
Au sein de son pays natal.
Mais je doute qu'ailleurs il trouve
Cette amitié que l'on éprouve
Pour ce petit coin peu banal.
On mange des gâteaux à l'oeil
Au Vaudreuil.
Honoré HARMAND