Pierre et Denise
A Serge pour le mariage de Pierre et Denise
1er décembre 1948
Pierre, mon cher ami, le Destin nous sépare.
De moi, pour un instant, la Tristesse s'empare ;
Mais je t'estime tant ;
Que, pour te le prouver, je partage ta joie.
J'applaudis au bonheur que ce Destin t'envoie ;
Tu fus si méritant !
Tu devins orphelin et ma bonne grand-mère
T'ouvrit, large, sa porte, abritant ta chimère.
Prodiguant sa bonté.
Je connus, pour ma part, les affres de l'absence.
Mes parents, pour longtemps, durent quitter la France
Et seul, je suis resté.
Nous avons supporté le fardeau de nos peines ;
Nos jeux et nos plaisirs, ainsi que nos fredaines ;
Peccadilles d'enfants.
Nous avons, sur nos maux, remporté la victoire.
Du combat inégal avec l'amer déboire
Nous sortons triomphants.
N'ayons plus, du passé, la funeste hantise
Et tournons nos regards vers l'exquise Denise
Admirable à l'envi.
J'adresse un seul reproche à l'indulgente épouse :
J'aimais Pierre, en ami, n'en soyez pas jalouse ;
Vous me l'avez ravi.
Je sais en votre coeur un trésor de tendresse ;
Votre grande bonté, votre délicatesse,
Aussi je fais des voeux,
Pour que vos âmes soeurs, chaque jour davantage
D'un bonheur mérité nous dessinent l'image
D'époux toujours heureux.
A vous, les chers parents d'une si douce fille,
Animés et fervents de l'esprit de famille
Je dis : consolez-vous.
Ce soir votre sommeil connaîtra la déroute.
Demain vous entendrez, en explorant la route,
Deux voix chanter : c'est nous.
Honoré HARMAND