PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:04

Rappel du premier message :

I. Le Fantôme De Richelieu

Dans une chambre du palais Cardinal que nous connaissons déjà,
près d’une table à coins de vermeil, chargée de papiers et de
livres, un homme était assis la tête appuyée dans ses deux mains.

Derrière lui était une vaste cheminée, rouge de feu, et dont les
tisons enflammés s’écroulaient sur de larges chenets dorés. La
lueur de ce foyer éclairait par-derrière le vêtement magnifique de
ce rêveur, que la lumière d’un candélabre chargé de bougies
éclairait par-devant.

À voir cette simarre rouge et ces riches dentelles, à voir ce
front pâle et courbé sous la méditation, à voir la solitude de ce
cabinet, le silence des antichambres, le pas mesuré des gardes sur
le palier, on eût pu croire que l’ombre du cardinal de Richelieu
était encore dans sa chambre.

Hélas! c’était bien en effet seulement l’ombre du grand homme. La
France affaiblie, l’autorité du roi méconnue, les grands redevenus
forts et turbulents, l’ennemi rentré en deçà des frontières, tout
témoignait que Richelieu n’était plus là.
Revenir en haut Aller en bas

AuteurMessage
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:05

On avait voulu dissiper ces groupes, on avait voulu faire taire
ces cris, et, comme cela arrive en pareil cas, les groupes
s’étaient grossis et les cris avaient redoublé. L’ordre venait
d’être donné aux gardes du roi et aux gardes suisses, non
seulement de tenir ferme, mais encore de faire des patrouilles
dans les rues Saint-Denis et Saint-Martin, où ces groupes surtout
paraissaient plus nombreux et plus animés, lorsqu’on annonça au
Palais-Royal le prévôt des marchands.

Il fut introduit aussitôt: il venait dire que si l’on ne cessait
pas à l’instant même ces démonstrations hostiles, dans deux heures
Paris tout entier serait sous les armes.

On délibérait sur ce qu’on aurait à faire, lorsque Comminges,
lieutenant aux gardes, rentra ses habits tout déchirés et le
visage sanglant. En le voyant paraître, la reine jeta un cri de
surprise et lui demanda ce qu’il y avait.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:05

Il y avait qu’à la vue des gardes, comme l’avait prévu le prévôt
des marchands, les esprits s’étaient exaspérés. On s’était emparé
des cloches et l’on avait sonné le tocsin. Comminges avait tenu
bon, avait arrêté un homme qui paraissait un des principaux
agitateurs, et, pour faire un exemple avait ordonné qu’il fût
pendu à la croix du Trahoir. En conséquence, les soldats l’avaient
entraîné pour exécuter cet ordre. Mais aux halles, ceux-ci avaient
été attaqués à coups de pierres et à coups de hallebarde; le
rebelle avait profité de ce moment pour s’échapper, avait gagné la
rue des Lombards et s’était jeté dans une maison dont on avait
aussitôt enfoncé les portes.

Cette violence avait été inutile, on n’avait pu retrouver le
coupable. Comminges avait laissé un poste dans la rue, et avec le
reste de son détachement, était revenu au Palais-Royal pour rendre
compte à la reine de ce qui se passait. Tout le long de la route,
il avait été poursuivi par des cris et par des menaces, plusieurs
de ses hommes avaient été blessés de coups de pique et de
hallebarde, et lui-même avait été atteint d’une pierre qui lui
fendait le sourcil.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:05

Le récit de Comminges corroborait l’avis du prévôt des marchands,
on n’était pas en mesure de tenir tête à une révolte sérieuse; le
cardinal fit répandre dans le peuple que les troupes n’avaient été
échelonnées sur les quais et le Pont-Neuf qu’à propos de la
cérémonie, et qu’elles allaient se retirer. En effet, vers les
quatre heures du soir, elles se concentrèrent toutes vers le
Palais-Royal; on plaça un poste à la barrière des Sergents, un
autre aux Quinze-Vingts, enfin un troisième à la butte Saint-Roch.
On emplit les cours et les rez-de-chaussée de Suisses et de
mousquetaires, et l’on attendit.

Voilà donc où en étaient les choses lorsque nous avons introduit
nos lecteurs dans le cabinet du cardinal Mazarin, qui avait été
autrefois celui du cardinal de Richelieu. Nous avons vu dans
quelle situation d’esprit il écoutait les murmures du peuple qui
arrivaient jusqu’à lui et l’écho des coups de fusil qui
retentissaient jusque dans sa chambre.

Tout à coup il releva la tête, le sourcil à demi froncé, comme un
homme qui a pris son parti, fixa les yeux sur une énorme pendule
qu’allait sonner dix heures, et, prenant un sifflet de vermeil
placé sur la table, à la portée de sa main, il siffla deux coups.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:06

Une porte cachée dans la tapisserie s’ouvrit sans bruit, et un
homme vêtu de noir s’avança silencieusement et se tint debout
derrière le fauteuil.

- Bernouin, dit le cardinal sans même se retourner, car ayant
sifflé deux coups il savait que ce devait être son valet de
chambre, quels sont les mousquetaires de garde au palais?

- Les mousquetaires noirs, Monseigneur.

- Quelle compagnie?

- Compagnie Tréville.

- Y a-t-il quelque officier de cette compagnie dans
l’antichambre?

- Le lieutenant d’Artagnan.

- Un bon, je crois?

- Oui, Monseigneur.

- Donnez-moi un habit de mousquetaire, et aidez-moi à m’habiller.

Le valet de chambre sortit aussi silencieusement qu’il était
entré, et revint un instant après, apportant le costume demandé.

Le cardinal commença alors, silencieux et pensif, à se défaire du
costume de cérémonie qu’il avait endossé pour assister à la séance
du parlement, et à se revêtir de la casaque militaire, qu’il
portait avec une certaine aisance, grâce à ses anciennes campagnes
d’Italie; puis quand il fut complètement habillé:

- Allez me chercher M. d’Artagnan, dit-il.

Et le valet de chambre sortit cette fois par la porte du milieu,
mais toujours aussi silencieux et aussi muet. On eût dit d’une
ombre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:06

Resté seul, le cardinal se regarda avec une certaine satisfaction
dans une glace; il était encore jeune, car il avait quarante-six
ans à peine, il était d’une taille élégante et un peu au-dessous
de la moyenne; il avait le teint vif et beau, le regard plein de
feu, le nez grand, mais cependant assez bien proportionné, le
front large et majestueux, les cheveux châtains un peu crépus, la
barbe plus noire que les cheveux et toujours bien relevée avec le
fer, ce qui lui donnait bonne grâce. Alors il passa son baudrier,
regarda avec complaisance ses mains, qu’il avait fort belles et
desquelles il prenait le plus grand soin; puis rejetant les gros
gants de daim qu’il avait déjà pris, et qui étaient d’uniforme, il
passa de simples gants de soie.

En ce moment la porte s’ouvrit.

- M. d’Artagnan, dit le valet de chambre.

Un officier entra.

C’était un homme de trente-neuf à quarante ans, de petite taille
mais bien prise, maigre, l’oeil vif et spirituel, la barbe noire
et les cheveux grisonnants, comme il arrive toujours lorsqu’on a
trouvé la vie trop bonne ou trop mauvaise, et surtout quand on est
fort brun.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:06

D’Artagnan fit quatre pas dans le cabinet, qu’il reconnaissait
pour y être venu une fois dans le temps du cardinal de Richelieu,
et voyant qu’il n’y avait personne dans ce cabinet qu’un
mousquetaire de sa compagnie, il arrêta les yeux sur ce
mousquetaire, sous les habits duquel, au premier coup d’oeil, il
reconnut le cardinal.

- Il demeura debout dans une pose respectueuse mais digne et
comme il convient à un homme de condition qui a eu souvent dans sa
vie occasion de se trouver avec des grands seigneurs.

Le cardinal fixa sur lui son oeil plus fin que profond, l’examina
avec attention, puis, après quelques secondes de silence:

- C’est vous qui êtes monsieur d’Artagnan? dit-il.

- Moi-même, Monseigneur, dit l’officier.

Le cardinal regarda un moment encore cette tête si intelligente et
ce visage dont l’excessive mobilité avait été enchaînée par les
ans et l’expérience; mais d’Artagnan soutint l’examen en homme qui
avait été regardé autrefois par des yeux bien autrement perçants
que ceux dont il soutenait à cette heure l’investigation.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu. - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Avr - 10:06

- Monsieur, dit le cardinal, vous allez venir avec moi, ou plutôt
je vais aller avec vous.

- À vos ordres, Monseigneur, répondit d’Artagnan.

- Je voudrais visiter moi-même les postes qui entourent le
Palais-Royal; croyez-vous qu’il y ait quelque danger?

- Du danger, Monseigneur! demanda d’Artagnan d’un air étonné, et
lequel?

- On dit le peuple tout à fait mutiné.

- L’uniforme des mousquetaires du roi est fort respecté,
Monseigneur, et ne le fût-il pas, moi, quatrième je me fais fort
de mettre en fuite une centaine de ces manants.

- Vous avez vu cependant ce qui est arrivé à Comminges?

- M. de Comminges est aux gardes et non pas aux mousquetaires,
répondit d’Artagnan.

- Ce qui veut dire, reprit le cardinal en souriant, que les
mousquetaires sont meilleurs soldats que les gardes?

- Chacun a l’amour-propre de son uniforme, Monseigneur.

- Excepté moi, monsieur, reprit Mazarin en souriant, puisque vous
voyez que j’ai quitté le mien pour prendre le vôtre.

- Peste, Monseigneur! dit d’Artagnan, c’est de la modestie. Quant
à moi, je déclare que, si j’avais celui de Votre Éminence, je m’en
contenterais et m’engagerais au besoin à n’en porter jamais
d’autre.

- Oui, mais pour sortir ce soir, peut-être n’eût-il pas été très
sûr. Bernouin, mon feutre.

Le valet de chambre rentra, rapportant un chapeau d’uniforme à
larges bords. Le cardinal s’en coiffa d’une façon assez cavalière,
et se retourna vers d’Artagnan:

- Vous avez des chevaux tout sellés dans les écuries, n’est-ce
pas?

- Oui, Monseigneur.

- Eh bien! partons.

- Combien Monseigneur veut-il d’hommes?

- Vous avez dit qu’avec quatre hommes, vous vous chargeriez de
mettre en fuite cent manants; comme nous pourrions en rencontrer
deux cents, prenez-en huit.

- Quand Monseigneur voudra.

- Je vous suis; ou plutôt, reprit le cardinal, non, par ici.
Éclairez-nous, Bernouin.

Le valet prit une bougie, le cardinal prit une petite clef dorée
sur son bureau, et ayant ouvert la porte d’un escalier secret, il
se trouva au bout d’un instant dans la cour du Palais-Royal.
Revenir en haut Aller en bas
 
Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) I Le fantôme de Richelieu.
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) Conclusion.
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) L. L’émeute
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LXX. Les ouvriers
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LXXXVI. La
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LIX. Le vengeur

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: