PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XXVIII. Rencontre

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XXVIII. Rencontre Empty
MessageSujet: Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XXVIII. Rencontre   Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XXVIII. Rencontre Icon_minitimeDim 7 Avr - 16:23

XXVIII. Rencontre

On courut dix minutes encore ainsi.

Soudain, deux points noirs se détachèrent de la masse, avancèrent,
grossirent, et, à mesure qu’ils grossissaient, prirent la forme de
deux cavaliers.

- Oh! oh! dit d’Artagnan, on vient à nous.

- Tant pis pour ceux qui viennent, dit Porthos.

- Qui va là? cria une voix rauque.

Les trois cavaliers lancés ne s’arrêtèrent ni ne répondirent,
seulement on entendit le bruit des épées qui sortaient du fourreau
et le cliquetis des chiens de pistolet qu’armaient les deux
fantômes noirs.

- Bride aux dents! dit d’Artagnan.

Porthos comprit, et d’Artagnan et lui tirèrent chacun de la main
gauche un pistolet de leurs fontes et l’armèrent à leur tour.

- Qui va là? s’écria-t-on une seconde fois. Pas un pas de plus ou
vous êtes morts!

- Bah! répondit Porthos presque étranglé par la poussière et
mâchant sa bride comme son cheval mâchait son mors, bah! nous en
avons vu bien d’autres!

À ces mots les deux ombres barrèrent le chemin, et l’on vit, à la
clarté des étoiles, reluire les canons des pistolets abaissés.

- Arrière! cria d’Artagnan, ou c’est vous qui êtes morts!

Deux coups de pistolet répondirent à cette menace, mais les deux
assaillants venaient avec une telle rapidité qu’au même instant
ils furent sur leurs adversaires. Un troisième coup de pistolet
retentit, tiré à bout portant par d’Artagnan, et son ennemi tomba.
Quant à Porthos il heurta le sien avec tant de violence que,
quoique son épée eût été détournée, il l’envoya du choc rouler à
dix pas de son cheval.

- Achève, Mousqueton, achève! dit Porthos.

Et il s’élança en avant aux côtés de son ami, qui avait déjà
repris sa poursuite.

- Eh bien? dit Porthos.

- Je lui ai cassé la tête, dit d’Artagnan; et vous?

- Je l’ai renversé seulement; mais tenez...

On entendit un coup de carabine: c’était Mousqueton qui, en
passant, exécutait l’ordre de son maître.

- Sus! sus! dit d’Artagnan; cela va bien et nous avons la
première manche!

- Ah! ah! dit Porthos, voilà d’autres joueurs.

En effet, deux autres cavaliers apparaissaient détachés du groupe
principal, et s’avançaient rapidement pour barrer de nouveau la
route.

Cette fois, d’Artagnan n’attendit pas même qu’on lui adressât la
parole.

- Place! cria-t-il le premier, place!

- Que voulez-vous? dit une voix.

- Le duc! hurlèrent à la fois Porthos et d’Artagnan.

Un éclat de rire répondit, mais il s’acheva dans un gémissement;
d’Artagnan avait percé le rieur de part en part avec son épée.

En même temps deux détonations ne faisaient qu’un seul coup:
c’étaient Porthos et son adversaire qui tiraient l’un sur l’autre.

D’Artagnan se retourna et vit Porthos près de lui.

- Bravo! Porthos, dit-il, vous l’avez tué, ce me semble?

- Je crois que je n’ai touché que le cheval, dit Porthos.

- Que voulez-vous, mon cher? on ne fait pas mouche à tous coups,
et il ne faut pas se plaindre quand on met dans la carte. Hé!
parbleu! qu’a donc mon cheval?

- Votre cheval a qu’il s’abat, dit Porthos en arrêtant le sien.

En effet, le cheval de d’Artagnan butait et tombait sur les
genoux, puis il poussa un râle et se coucha.

Il avait reçu dans le poitrail la balle du premier adversaire de
d’Artagnan.

D’Artagnan poussa un juron à faire éclater le ciel.

- Monsieur veut-il un cheval? dit Mousqueton.

- Pardieu! si j’en veux un, cria d’Artagnan.

- Voici, dit Mousqueton.

- Comment diable as-tu deux chevaux de main? dit d’Artagnan en
sautant sur l’un d’eux.

- Leurs maîtres sont morts: j’ai pensé qu’ils pouvaient nous être
utiles, et je les ai pris.

Pendant ce temps Porthos avait rechargé son pistolet.

- Alerte! dit d’Artagnan, en voilà deux autres.

- Ah çà, mais! il y en aura donc jusqu’à demain! dit Porthos.

En effet, deux autres cavaliers s’avançaient rapidement.

- Eh! monsieur, dit Mousqueton, celui que vous avez renversé se
relève.

- Pourquoi n’en as-tu pas fait autant que du premier?

- J’étais embarrassé, monsieur, je tenais les chevaux.

Un coup de feu partit, Mousqueton jeta un cri de douleur.

- Ah! monsieur, cria-t-il, dans l’autre! juste dans l’autre! Ce
coup-là fera le pendant de celui de la route d’Amiens.

Porthos se retourna comme un lion, fondit sur le cavalier démonté,
qui essaya de tirer son épée, mais avant qu’elle fût hors du
fourreau, Porthos, du pommeau de la sienne, lui avait porté un si
terrible coup sur la tête qu’il était tombé comme un boeuf sous la
masse du boucher.

Mousqueton, tout en gémissant, s’était laissé glisser le long de
son cheval, la blessure qu’il avait reçue ne lui permettait pas de
rester en selle.

En apercevant les cavaliers, d’Artagnan s’était arrêté et avait
rechargé son pistolet; de plus, son nouveau cheval avait une
carabine à l’arçon de la selle.

- Me voilà! dit Porthos, attendons-nous ou chargeons-nous?

- Chargeons, dit d’Artagnan.

- Chargeons, dit Porthos.

Ils enfoncèrent leurs éperons dans le ventre de leurs chevaux.

Les cavaliers n’étaient plus qu’à vingt pas d’eux.

- De par le roi! cria d’Artagnan, laissez-nous passer.

- Le roi n’a rien à faire ici! répliqua une voix sombre et
vibrante qui semblait sortir d’une nuée, car le cavalier arrivait
enveloppé d’un tourbillon de poussière.

- C’est bien, nous verrons si le roi ne passe pas partout, reprit
d’Artagnan.

- Voyez, dit la même voix.

Deux coups de pistolet partirent presque en même temps, un tiré
par d’Artagnan, l’autre par l’adversaire de Porthos. La balle de
d’Artagnan enleva le chapeau de son ennemi; la balle de
l’adversaire de Porthos traversa la gorge de son cheval, qui tomba
raide en poussant un gémissement.

- Pour la dernière fois, où allez-vous? dit la même voix.

- Au diable! répondit d’Artagnan.

- Bon! soyez tranquille alors, vous arriverez.

D’Artagnan vit s’abaisser vers lui le canon d’un mousquet; il
n’avait pas le temps de fouiller à ses fontes; il se souvint d’un
conseil que lui avait donné autrefois Athos. Il fit cabrer son
cheval.

La balle frappa l’animal en plein ventre. D’Artagnan sentit qu’il
manquait sous lui, et avec son agilité merveilleuse se jeta de
côté.

- Ah çà, mais! dit la même voix vibrante et railleuse, c’est une
boucherie de chevaux et non un combat d’hommes que nous faisons
là. À l’épée! monsieur, à l’épée!

Et il sauta à bas de son cheval.

- À l’épée, soit, dit d’Artagnan, c’est mon affaire.

En deux bonds d’Artagnan fut contre son adversaire, dont il sentit
le fer sur le sien. D’Artagnan, avec son adresse ordinaire, avait
engagé l’épée en tierce, sa garde favorite.

Pendant ce temps, Porthos, agenouillé derrière son cheval, qui
trépignait dans les convulsions de l’agonie, tenait un pistolet
dans chaque main.

Cependant le combat était commencé entre d’Artagnan et son
adversaire. D’Artagnan l’avait attaqué rudement, selon sa coutume;
mais cette fois il avait rencontré un jeu et un poignet qui le
firent réfléchir. Deux fois ramené en quatre, d’Artagnan fit un
pas en arrière; son adversaire ne bougea point; d’Artagnan revint
et engagea de nouveau l’épée en tierce.

Deux ou trois coups furent portés de part et d’autre sans
résultat, les étincelles jaillissaient par gerbes des épées.

Enfin, d’Artagnan pensa que c’était le moment d’utiliser sa feinte
favorite; il l’amena fort habilement, l’exécuta avec la rapidité
de l’éclair, et porta le coup avec une vigueur qu’il croyait
irrésistible.

Le coup fut paré.

- Mordious! s’écria-t-il avec son accent gascon.

À cette exclamation, son adversaire bondit en arrière, et,
penchant sa tête découverte, il s’efforça de distinguer à travers
les ténèbres le visage de d’Artagnan.

Quant à d’Artagnan, craignant une feinte, il se tenait sur la
défensive.

- Prenez garde, dit Porthos à son adversaire, j’ai encore mes
deux pistolets chargés.

- Raison de plus pour que vous tiriez le premier, répondit celui-
ci.

Porthos tira: un éclair illumina le champ de bataille.

À cette lueur, les deux autres combattants jetèrent chacun un cri.

- Athos! dit d’Artagnan.

- D’Artagnan! dit Athos.

Athos leva son épée, d’Artagnan baissa la sienne.

- Aramis! cria Athos, ne tirez pas.

- Ah! ah! c’est vous, Aramis? dit Porthos.

Et il jeta son pistolet.

Aramis repoussa le sien dans ses fontes et remit son épée au
fourreau.

- Mon fils! dit Athos en tendant la main à d’Artagnan.

C’était le nom qu’il lui donnait autrefois dans ses moments de
tendresse.

- Athos, dit d’Artagnan en se tordant les mains, vous le défendez
donc? Et moi qui avais juré de le ramener mort ou vif! Ah! je suis
déshonoré.

- Tuez-moi, dit Athos en découvrant sa poitrine, si votre honneur
a besoin de ma mort.

- Oh! malheur à moi! malheur à moi! s’écriait d’Artagnan, il n’y
avait qu’un homme au monde qui pouvait m’arrêter, et il faut que
la fatalité mette cet homme sur mon chemin! Ah! que dirai-je au
cardinal?

- Vous lui direz, monsieur, répondit une voix qui dominait le
champ de bataille, qu’il avait envoyé contre moi les deux seuls
hommes capables de renverser quatre hommes, de lutter corps à
corps sans désavantage contre le comte de La Fère et le chevalier
d’Herblay, et de ne se rendre qu’à cinquante hommes.

- Le prince! dirent en même temps Athos et Aramis en faisant un
mouvement pour démasquer le duc de Beaufort, tandis que d’Artagnan
et Porthos faisaient de leur côté un pas en arrière.

- Cinquante cavaliers! murmurèrent d’Artagnan et Porthos.

- Regardez autour de vous, messieurs, si vous en doutez, dit le
duc.

D’Artagnan et Porthos regardèrent autour d’eux; ils étaient en
effet entièrement enveloppés par une troupe d’hommes à cheval.

- Au bruit de votre combat, dit le duc, j’ai cru que vous étiez
vingt hommes, et je suis revenu avec tous ceux qui m’entouraient,
las de toujours fuir, et désireux de tirer un peu l’épée à mon
tour, vous n’étiez que deux.

- Oui, Monseigneur, dit Athos, mais vous l’avez dit, deux qui en
valent vingt.

- Allons, messieurs, vos épées, dit le duc.

- Nos épées! dit d’Artagnan relevant la tête et revenant à lui,
nos épées! jamais!

- Jamais! dit Porthos.

Quelques hommes firent un mouvement.

- Un instant, Monseigneur, dit Athos, deux mots.

Et il s’approcha du prince, qui se pencha vers lui et auquel il
dit quelques paroles tout bas.

- Comme vous voudrez, comte, dit le prince. Je suis trop votre
obligé pour vous refuser votre première demande. Écartez-vous,
messieurs, dit-il aux hommes de son escorte. Messieurs d’Artagnan
et du Vallon, vous êtes libres.

L’ordre fut aussitôt exécuté, et d’Artagnan et Porthos se
trouvèrent former le centre d’un vaste cercle.

- Maintenant, d’Herblay, dit Athos, descendez de cheval et venez.

Aramis mit pied à terre et s’approcha de Porthos, tandis qu’Athos
s’approchait de d’Artagnan. Tous quatre alors se trouvèrent
réunis.

- Amis, dit Athos, regrettez-vous encore de n’avoir pas versé
notre sang?

- Non, dit d’Artagnan, je regrette de nous voir les uns contre
les autres, nous qui avions toujours été si bien unis, je regrette
de nous rencontrer dans deux camps opposés. Ah! rien ne nous
réussira plus.

- Oh! mon Dieu! non, c’est fini, dit Porthos.

- Eh bien! soyez des nôtres alors, dit Aramis.

- Silence, d’Herblay, dit Athos, on ne fait point de ces
propositions-là à des hommes comme ces messieurs. S’ils sont
entrés dans le parti de Mazarin, c’est que leur conscience les a
poussés de ce côté, comme la nôtre nous a poussés du côté des
princes.

- En attendant, nous voilà ennemis, dit Porthos; sang-bleu! qui
aurait jamais cru cela?

D’Artagnan ne dit rien, mais poussa un soupir.

Athos les regarda et prit leurs mains dans les siennes.

- Messieurs, dit-il, cette affaire est grave, et mon coeur
souffre comme si vous l’aviez percé d’outre en outre. Oui, nous
sommes séparés, voilà la grande, voilà la triste vérité, mais nous
ne nous sommes pas déclaré la guerre encore; peut-être avons-nous
des conditions à faire, un entretien suprême est indispensable.

- Quant à moi, je le réclame, dit Aramis.

- Je l’accepte, dit d’Artagnan avec fierté.

Porthos inclina la tête en signe d’assentiment.

- Prenons donc un lieu de rendez-vous, continua Athos, à la
portée de nous tous, et dans une dernière entrevue réglons
définitivement notre position réciproque et la conduite que nous
devons tenir les uns vis-à-vis des autres.

- Bien! dirent les trois autres.

- Vous êtes donc de mon avis? demanda Athos.

- Entièrement.

- Eh bien! le lieu?

- La place Royale vous convient-elle? demanda d’Artagnan.

- À Paris?

- Oui.

Athos et Aramis se regardèrent, Aramis fit un signe de tête
approbatif.

- La place Royale, soit! dit Athos.

- Et quand cela?

- Demain soir, si vous voulez.

- Serez-vous de retour?

- Oui.

- À quelle heure?

- À dix heures de la nuit, cela vous convient-il?

- À merveille.

- De là, dit Athos, sortira la paix ou la guerre, mais notre
honneur du moins, amis, sera sauf.

- Hélas! murmura d’Artagnan, notre honneur de soldat est perdu, à
nous.

- D’Artagnan, dit gravement Athos, je vous jure que vous me
faites mal de penser à ceci quand je ne pense, moi, qu’à une
chose, c’est que nous avons croisé l’épée l’un contre l’autre.
Oui, continua-t-il en secouant douloureusement la tête, oui, vous
l’avez dit; le malheur est sur nous; venez, Aramis.

- Et nous, Porthos, dit d’Artagnan, retournons porter notre honte
au cardinal.

- Et dites-lui surtout, cria une voix, que je ne suis pas trop
vieux pour être un homme d’action.

D’Artagnan reconnut la voix de Rochefort.

- Puis-je quelque chose pour vous, messieurs? dit le prince.

- Rendre témoignage que nous avons fait ce que nous avons pu,
Monseigneur.

- Soyez tranquille, cela sera fait. Adieu, messieurs, dans
quelque temps nous nous reverrons, je l’espère, sous Paris, et
même dans Paris peut-être, et alors vous pourrez prendre votre
revanche.

À ces mots, le duc salua de la main, remit son cheval au galop et
disparut suivi de son escorte, dont la vue alla se perdre dans
l’obscurité et le bruit dans l’espace.

D’Artagnan et Porthos se trouvèrent seuls sur la grande route avec
un homme qui tenait deux chevaux de main.

Ils crurent que c’était Mousqueton et s’approchèrent.

- Que vois-je! s’écria d’Artagnan, c’est toi, Grimaud?

- Grimaud! dit Porthos.

Grimaud fit signe aux deux amis qu’ils ne se trompaient pas.

- Et à qui les chevaux? demanda d’Artagnan.

- Qui nous les donne? demanda Porthos.

- M. le comte de La Fère.

- Athos, Athos, murmura d’Artagnan, vous pensez à tout et vous
êtes vraiment un gentilhomme.

- À la bonne heure! dit Porthos, j’avais peur d’être obligé de
faire l’étape à pied.

Et il se mit en selle. D’Artagnan y était déjà.

- Eh bien! où vas-tu donc, Grimaud? demanda d’Artagnan; tu
quittes ton maître?

- Oui, dit Grimaud, je vais rejoindre le vicomte de Bragelonne à
l’armée de Flandre.

Ils firent alors silencieusement quelques pas sur le grand chemin
en venant vers Paris, mais tout à coup ils entendirent des
plaintes qui semblaient sortir d’un fossé.

- Qu’est-ce que cela? demanda d’Artagnan.

- Cela, dit Porthos, c’est Mousqueton.

- Eh! oui, monsieur, c’est moi, dit une voix plaintive, tandis
qu’une espèce d’ombre se dressait sur le revers de la route.

Porthos courut à son intendant, auquel il était réellement
attaché.

- Serais-tu blessé dangereusement, mon cher Mouston? dit-il.

- Mouston! reprit Grimaud en ouvrant des yeux ébahis.

- Non, monsieur, je ne crois pas; mais je suis blessé d’une
manière fort gênante.

- Alors, tu ne peux pas monter à cheval?

- Ah! monsieur, que me proposez-vous là!

- Peux-tu aller à pied?

- Je tâcherai, jusqu’à la première maison.

- Comment faire? dit d’Artagnan, il faut cependant que nous
revenions à Paris.

- Je me charge de Mousqueton, dit Grimaud.

- Merci, mon bon Grimaud! dit Porthos.

Grimaud mit pied à terre et alla donner le bras à son ancien ami,
qui l’accueillit les larmes aux yeux, sans que Grimaud pût
positivement savoir si ces larmes venaient du plaisir de le revoir
ou de la douleur que lui causait blessure.

Quant à d’Artagnan et à Porthos, ils continuèrent silencieusement
leur route vers Paris.

Trois heures après, ils furent dépassés par une espèce de courrier
couvert de poussière: c’était un homme envoyé par le duc et qui
portait au cardinal une lettre dans laquelle, comme l’avait promis
le prince, il rendait témoignage de ce qu’avaient fait Porthos et
d’Artagnan.

Mazarin avait passé une fort mauvaise nuit lorsqu’il reçut cette
lettre, dans laquelle le prince lui annonçait lui-même qu’il était
en liberté et qu’il allait lui faire une guerre mortelle.

Le cardinal la lut deux ou trois fois, puis la pliant et la
mettant dans sa poche:

- Ce qui me console, dit-il, puisque d’Artagnan l’a manqué, c’est
qu’au moins en courant après lui il a écrasé Broussel. Décidément
le Gascon est un homme précieux, et il me sert jusque dans ses
maladresses.

Le cardinal faisait allusion à cet homme qu’avait renversé
d’Artagnan au coin du cimetière Saint-Jean à Paris, et qui n’était
autre que le conseiller Broussel.
Revenir en haut Aller en bas
 
Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) XXVIII. Rencontre
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) Conclusion.
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) L. L’émeute
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LXX. Les ouvriers
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LXXXVI. La
» Alexandre Dumas.(Père)(1802-1870) LIX. Le vengeur

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: