PLUME DE POÉSIES
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 Anatole France (1844-1924) Le Livre De Mon Ami. LE LIVRE DE PIERRE. PREMIERES CONQUETES VI MARCELLE AUX YEUX D'OR

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VI

MARCELLE AUX YEUX D'OR

J'avais cinq ans et je me faisais du monde une idée que j'ai dû changer depuis; c'est
dommage, elle était charmante. Un jour, tandis que j'étais occupé à dessiner des
bonshommes, ma mère m'appela sans songer qu'elle me dérangeait. Les mères ont de
ces étourderies.
Cette fois, il s'agissait de me faire ma toilette. Je n'en sentais pas la nécessité et j'en
voyais le désagrément, je résistais, je faisais des grimaces ; j'étais insupportable.
Ma mère me dit :
« Ta marraine va venir : ce serait joli si tu n'étais pas habillé ! » Ma marraine! je ne
l'avais pas encore vue; je ne la connaissais pas du tout. Je ne savais même pas qu'elle
existât. Mais je savais très bien ce que c'est qu'une marraine : je l'avais lu dans les
contes et vu dans les images ; je savais qu'une marraine est une fée.
Je me laissai peigner et savonner tant qu'il plut à ma chère maman. Je songeais à ma
marraine avec une extrême curiosité de la connaître. Mais, bien que grand questionneur
d'ordinaire, je ne demandai rien de tout ce que je brûlais de savoir.
« Pourquoi ?
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- Vous me demandez pourquoi? Ah ! c'est que je n'osais ; c'est que les fées, telles que
je les comprenais, voulaient le silence et le mystère ; c'est qu'il est dans les sentiments
un vague si précieux, que l'âme la plus neuve en ce monde est, par instinct, jalouse de le
garder; c'est qu'il existe, pour l'enfant comme pour l'homme, des choses ineffables ;
c'est que, sans l'avoir connue, j'aimais ma marraine. » Je vais bien vous surprendre,
mais la vérité a parfois heureusement quelque chose d'imprévu, qui la rend
supportable... Ma marraine était belle à souhait. Quand je la vis, je la reconnus. C'était
bien celle que j'attendais, c'était ma fée. Je la contemplais sans surprise, ravi. Pour
cette fois, et par extraordinaire, la nature égalait les rêves de beauté d'un petit enfant.
Ma marraine me regarda : elle avait des yeux d'or. Elle me sourit et je lui vis des dents
aussi petites que les miennes. Elle parla : sa voix était claire et chantait comme une
source dans les bois. Elle me baisa, ses lèvres étaient fraîches ; je les sens encore sur
ma joue.
Je goûtai à la voir une infinie douceur, et il fallait, paraît-il, que cette rencontre fût
charmante de tout point; car le souvenir qui m'en reste est dégagé de tout détail qui l'eût
gâté. Il a pris une simplicité lumineuse. C'est la bouche entrouverte pour un sourire et
pour un baiser, debout, les bras ouverts, que m'apparaît invariablement ma marraine.
Elle me souleva de terre et me dit :
« Trésor, laisse-moi voir la couleur de tes yeux. » Puis, agitant les boucles de ma
chevelure :
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MessageSujet: Re: Anatole France (1844-1924) Le Livre De Mon Ami. LE LIVRE DE PIERRE. PREMIERES CONQUETES VI MARCELLE AUX YEUX D'OR   Anatole France (1844-1924) Le Livre De Mon Ami. LE LIVRE DE PIERRE. PREMIERES CONQUETES VI  MARCELLE AUX YEUX D'OR Icon_minitimeDim 3 Fév - 17:37

« Il est blond, mais il deviendra brun. » Ma fée connaissait l'avenir. Pourtant ses
prédictions indulgentes ne l'annonçaient pas tout entier. Mes cheveux, aujourd'hui, ne
sont plus ni blonds ni noirs.
Elle m'envoya, le lendemain, des joujoux qui ne me parurent pas faits pour moi. Je vivais
avec mes livres, mes images, mon pot de colle, mes boîtes de couleur et tout mon
attirail de petit garçon intelligent et chétif, déjà sédentaire, qui s'initiait naïvement par
ses jouets à ce sentiment des formes et des couleurs, cause de tant de douleurs et de
joies.
Les présents choisis par ma marraine n'entraient pas dans ces moeurs. C'était un
mobilier complet de sport-boy et de petit gymnaste à trapèze, cordes, barres, poids,
haltères, tout ce qu'il faut pour exercer la force d'un enfant et préparer la grâce virile.
Par malheur, j'avais déjà le pli du bureau, le goût des découpures faites patiemment le
soir à la lampe, le sens profond des images, et, quand je sortais de mes amusements
d'artiste prédestiné, c'était par des coups de folie, par une rage de désordre, pour jouer
éperdument à des jeux sans règle, sans rythme : au voleur, au naufrage, à l'incendie.
Tous ces appareils de buis verni et de fer me parurent froids, lourds, sans caprice et
sans âme, jusqu'à ce que ma marraine y eût mis, en m'en enseignant l'usage, un peu de
son charme. Elle soulevait les haltères avec beaucoup de crânerie, et, portant les
coudes en arrière, elle me montrait comment les barres, passées sur le dos et sous les
bras, développent la poitrine.
Un jour, elle me prit sur ses genoux et me promit un bateau, un bateau avec tous ses
gréements, toutes ses voiles et des canons aux sabords. Ma marraine parlait marine
comme un loup de mer. Elle n'oubliait ni hune, ni dunette, ni haubans, ni perroquet, ni
cacatois. Elle n'en finissait point avec ces mots étranges et elle mettait comme de
l'amitié à les dire. Ils lui rappelaient sans doute bien des choses. Une fée, cela va sur les
eaux.
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MessageSujet: Re: Anatole France (1844-1924) Le Livre De Mon Ami. LE LIVRE DE PIERRE. PREMIERES CONQUETES VI MARCELLE AUX YEUX D'OR   Anatole France (1844-1924) Le Livre De Mon Ami. LE LIVRE DE PIERRE. PREMIERES CONQUETES VI  MARCELLE AUX YEUX D'OR Icon_minitimeDim 3 Fév - 17:38

Je ne l'ai pas reçu, ce bateau. Mais je n'ai jamais eu besoin, même en bas âge, de
posséder les choses pour en jouir, et le bateau de la fée m'a occupé bien des heures.
Je le voyais. Je le vois encore. Ce n'est plus un jouet. C'est un fantôme. Il coule en
silence sur une mer brumeuse, et j'aperçois à son bord une femme immobile, les bras
inertes, les yeux grands et vides.
Je ne devais plus revoir ma marraine.
J'avais dès lors une idée juste de son caractère. Je sentais qu'elle était née pour plaire
et pour aimer, que c'était là son affaire en ce monde. Je ne me trompais pas, hélas ! J'ai
su depuis que Marcelle (elle se nommait Marcelle) n'a jamais fait que cela.
C'est bien des années plus tard que j'appris quelque chose de sa vie. Marcelle et ma
mère s'étaient connues au couvent. Mais ma mère, plus âgée de quelques années, était
trop sage et trop mesurée pour devenir la compagne assidue de Marcelle, qui mettait
dans ses amitiés une ardeur extraordinaire et une sorte de folie. La jeune pensionnaire
qui inspira à Marcelle les sentiments les plus extravagants était la fille d'un négociant,
une grosse personne calme, moqueuse et bornée. Marcelle ne la quittait pas des yeux,
fondait en larmes pour un mot, pour un geste de son amie, l'accablait de serments, lui
faisait toutes les heures des scènes de jalousie, et lui écrivait à l'étude des lettres de
vingt pages, tant qu'enfin la grosse fille, impatientée, déclara qu'il y en avait assez et
qu'elle voulait être tranquille.
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La pauvre Marcelle se retira si abattue et si triste, qu'elle fit pitié à ma mère. C'est alors
que commença leur liaison, peu de temps avant que ma mère sortît du couvent. Elles
promirent de se rendre visite et tinrent parole.
Marcelle avait pour père le meilleur homme du monde, charmant, avec bien de l'esprit et
pas le sens commun. Il quitta la marine, sans motif, après vingt ans de navigation.
On s'en étonnait. Il fallait s'étonner qu'il fût resté si longtemps au service. Sa fortune était
médiocre et son économie détestable.
Regardant par sa fenêtre, un jour de pluie, il vit sa femme et sa fille à pied, fort
embarrassées de leurs jupes et de leur en-tout cas. Il s'aperçut pour la première fois
qu'elles n'avaient point de voiture, et cette découverte le chagrina beaucoup. Sur-le-
champ il réalisa ses valeurs, vendit les bijoux de sa femme, emprunta de l'argent à
divers amis et courut à Bade. Comme il avait une martingale infaillible, il joua gros jeu à
l'effet de gagner chevaux, carrosse et livrée. Au bout de huit jours, il rentra chez lui sans
un sou, et croyant plus que jamais à sa martingale.
Il lui restait une petite terre dans la Brie, où il éleva des ananas. Après un an de cette
culture, il dut vendre le fonds pour payer les serres. Alors il se jeta dans des inventions
de machines, et sa femme mourut sans qu'il y prît garde. Il envoyait aux ministres, aux
Chambres, à l'Institut, aux sociétés savantes, à tout le monde, des plans et des
mémoires. Ces mémoires étaient quelquefois rédigés en vers. Pourtant il se faisait
quelque argent, il vivait. C'était miraculeux. Marcelle trouvait cela simple, et achetait des
chapeaux avec toutes les pièces de cent sous qui lui tombaient sous la main.
Pour jeune fille qu'elle était alors, ma mère ne comprenait pas la vie de cette façon, et
Marcelle la faisait trembler. Mais elle aimait Marcelle.
« Si tu savais, m'a dit cent fois ma mère, si tu savais comme elle était charmante alors !
- Ah ! chère maman, je l'imagine bien. » Il y eut pourtant une brouille entre elles, et la
cause en fut un sentiment délicat qu'il ne faudrait point laisser dans l'ombre où l'on cache
les fautes de ceux qui nous sont chers, mais que je ne dois pas analyser, moi, comme
tout autre pourrait le faire. Je ne le dois pas, dis-je, et ne le puis non plus, n'ayant sur ce
sujet que des indices extrêmement vagues. Ma mère était alors fiancée à un jeune
médecin qui l'épousa peu après et devint mon père. Marcelle était charmante; on vous
l'a dit assez. Elle inspirait et respirait l'amour. Mon père était jeune. Ils se voyaient, se
parlaient.
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Que sais-je encore?... Ma mère se maria et ne revit plus Marcelle.
Mais, après deux ans d'exil, la belle aux yeux d'or eut son pardon. Elle l'eut si bien qu'on
la pria d'être ma marraine.
Dans l'intervalle, elle s'était mariée. Cela, je pense, avait beaucoup aidé au
raccommodement. Marcelle adorait son mari, un monstre de petit moricaud qui
naviguait depuis l'âge de sept ans sur un navire de commerce, et que je soupçonne
véhémentement d'avoir fait la traite des noirs.
Comme il possédait des biens à Rio de Janeiro, il y emmena ma marraine.
Ma mère m'a dit souvent :
« Tu ne peux te figurer ce qu'était le mari de Marcelle :
un magot, un singe, un singe habillé de jaune des pieds à la tête. Il ne parlait aucune
langue. Il savait seulement un peu de toutes, et s'exprimait par des cris, des gestes et
des roulements d'yeux. Pour être juste, il avait des yeux superbes.
Et ne crois pas, mon enfant, qu'il fût des îles, ajoutait ma mère; il était Français, natif de
Brest, et se nommait Dupont. » Il faut vous apprendre, en passant, que ma mère disait«
les îles » pour tout ce qui n'est pas l'Europe; et cela désespérait mon père, auteur de
divers travaux d'ethnographie comparée.
« Marcelle, poursuivait ma mère, Marcelle était folle de son mari. Dans les premiers
temps, on avait toujours l'air de les gêner en allant les voir. Elle fut heureuse pendant
trois ou quatre ans ; je dis heureuse parce qu'il faut tenir compte des goûts. Mais,
pendant le voyage qu'elle fit en France..., tu ne te rappelles pas, tu étais trop petit.
- Oh ! maman, je me rappelle parfaitement.
- Eh bien, pendant ce voyage, son moricaud prit là-bas, dans les îles, d'horribles
habitudes : il s'enivrait dans les cabarets de matelots avec des créatures. Il reçut un
coup de couteau. Au premier avis qu'elle en eut, Marcelle s'embarqua. Elle soigna son
mari avec cette ardeur superbe qu'elle mettait à tout. Mais il eut un vomissement de
sang et mourut.
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- Marcelle n'est-elle pas revenue en France? Maman, pourquoi n'ai-je pas revu ma
marraine ? » A cette question, ma mère répondit avec embarras.
« Étant veuve, elle connut à Rio de Janeiro des officiers de marine qui lui firent grand
tort. Il ne faut pas penser du mal de Marcelle, mon enfant. C'est une femme à part, qui
n'agissait pas comme les autres. Mais il devenait difficile de la recevoir.
- Maman, je ne pense pas du mal de Marcelle; dites-moi seulement ce qu'elle est
devenue.
- Mon fils, un lieutenant de vaisseau l'aima, ce qui était bien naturel, et la compromit,
parce qu'une si belle conquête flattait son amour-propre. Je ne te le nommerai pas ; il
est aujourd'hui contre-amiral, et tu as dîné plusieurs fois avec lui.
- Quoi ! c'est V..., ce gros homme rougeaud? Eh bien, maman, il raconte de jolies
histoires de femmes, après dîner, cet amiral-là.
- Marcelle l'aima à la folie. Elle le suivait partout. Tu conçois, mon enfant, que je ne sais
pas très bien cette histoire-là. Mais elle finit d'une façon terrible. Ils étaient tous deux en
Amérique, je ne puis te dire exactement en quel endroit, parce que je n'ai jamais pu
retenir les noms de la géographie. S'étant lassé d'elle, il la quitta sous quelque prétexte
et revint en France. Tandis qu'elle l'attendait là-bas, elle apprit par un petit journal de
Paris qu'il se montrait au théâtre avec une actrice. Elle n'y put tenir, et, bien que souffrant
de la fièvre, elle s'embarqua. Ce fut son dernier voyage. Elle mourut à bord, mon enfant,
et ta pauvre marraine, cousue dans un drap, fut jetée à la mer. » Voilà ce que m'a conté
ma mère. Je n'en sais pas davantage. Mais, chaque fois que le ciel est d'un gris tendre
et que le vent a des plaintes douces, ma pensée s'envole vers Marcelle et je lui dis :
« Pauvre âme en peine, pauvre âme errant sur l'antique océan qui berça les premières
amours de la terre, cher fantôme, à ma marraine et ma fée, sois bénie par le plus fidèle
de tes amoureux, par le seul, peut-être, qui se souvienne encore de toi ! Sois bénie pour
le don que tu mis sur mon berceau en t'y penchant seulement; sois bénie pour m'avoir
révélé, quand je naissais à peine à la pensée, les tourments délicieux que la beauté
donne aux âmes avides de la comprendre ; sois bénie par celui qui fut l'enfant que tu
soulevas de terre pour chercher la couleur de ses yeux !
Il fut, cet enfant, le plus heureux, et, j'ose dire, le meilleur de tes amis. C'est à lui que tu
donnas le plus, à généreuse femme! car tu lui ouvris, avec tes deux bras, le monde infini
des rêves. »
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