PLUME DE POÉSIES
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 Victor HUGO (1802-1885) L'océan d'en haut 6

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Victor HUGO (1802-1885) L'océan d'en haut 6 Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) L'océan d'en haut 6   Victor HUGO (1802-1885) L'océan d'en haut 6 Icon_minitimeSam 8 Oct - 18:38

Et tu crois l'égaler chaque fois que. tu bouges.
Allons! mire-toi donc un peu dans les peaux-ronges!
Que dis-tu-des Yolofs, barbouillés de roucou,
Attachant des colliers d'oreilles à leur cou,
Et des hùrons ornés de stupides balafres?
Mire-toi dans les noirs, mire-toi dans les cafres,
Dans les Yoways; trouant leurs nez, peignant leurs peaux,
Empoisonnant leur flèche aux glandes dés crapauds!
Apprends ceci, rayon apprends ceci, pensée
L'ange commence à l'homme et l'homme au chimpanzée;
L'orang-outang ton frère, est, un homme à tâtons.
Tu peux bien l'accepter, puisque nous t'acceptons!
Mire-toi d'ans tes goûts, dans tes moeurs, dans tes races!
Dans tes amours brutaux dans tes instincts voraces;
Dans l'auge où nous voyons boire tes appétits!
Ton histoire! tes lois! ton bruit! ton cliquetis!
Te figures-tu pas que tes. gestes, tes guerres,
Tes cris, troublent l'azur de leurs fracas vulgaires,
Et que le jour mesure à ton pas son déclin?
Crois-tu pas que le ciel est guelfe ou gibelin,
Que l'Être. est Armagnac ou Bourguignon, que l'astre
Connaît oui, non, Genève et, Rome, York et Lancastre,
Et que le monde pend à ton sacré cheveu?
Tes princes? tes sultans? tes rois? demande un peu
. Ce que. de ta grandeur. pensent les astronomes.
Parles-en à Newton. Parce que tu te nommes
César ou Henri quatre, et qu'un beau jour Casca
Ou Ravaillac, te prit en traître, s'embusqua
Dans l'ombre, et. te coupa la veine cardiaque,
Crois-tu pas déranger l'énorme zodiaque?
Et quant à tes cités, Babels de monuments
Où parlent à la fois tous les événements,
Qu'est-ce:que cela pèse? arches, tours, pyramides,
Je serais peu: surpris qu'en ses rayons humides,
L'aube les emportât pêle-mêle un matin
Avec les gouttes. d'eau de la sauge et du thym.
Et ton architecture étagée et superbe
Finit par n'être plus qu'un tas de pierre et d'herbe
Où, la tête au soleil, siffle l'aspic subtil.:
Ton marbre, dont tu fais des dieux, que devient-il?
Le temps court, et monnoye en courant tes statues;
Ton bronze qu'à tes rois guerriers tu prostitues,
On en fait des liards qui valent les héros.
Ton marbre, chaux et plâtre, emplit les tombereaux.
Homme, le papillon qui vit une semaine,
Le puceron qu'un jour crée et qu'un jour remmène,
L'éphémère, enviant cette longévité,
Égalent ton granit devant l'immensité.

Ah! tes oeuvres, vraiment, parlons-en. Meurtre, envie,
Sang! Tu construis la mort quand Dieu sème la vie!
Et, pendant que Dieu fait les chênes sur les monts,
Les baobabs pareils à des pieds de mammons,
L'arbre a pain, le palmier splendide, les mélèzes,
D'où sort un chant pareil à la voix des falaises,
L'olivier, le figuier, le cèdre, le nopal,
Tu fais l'arbre gibet, l'arbre croix, l'arbre pal,
L'affreux arbre supplice, énorme, vaste, infame,
Cyprès dont les rameaux, faisant la nuit sur l'âme,
Sonnent lugubrement comme des enchaînés,
Dont chaque branche, hélas! porte deux condamnés,
Et penche en frissonnant deux spectres sur l'abîme;
Au soleil, du côté de l'homme, la victime,
Et du côté de Dieu, dans l'ombre, le bourreau!

Ah! tu te crois divin! tu places ton zéro
En regard de cet orbe inouï qu'emplit l'onde
De l'océan sagesse et qu'on nomme le monde!
Ah! géant! tout savoir, ce n'est pour toi qu'un jeu.
Pourquoi te contenter d'un à peu près de Dieu?
Pourquoi ne pas tirer l'abîme à clair? Colosse!
Plus haut qu'Atlas, et plus que les oiseaux véloce!
Pourquoi te contenter de tes religions?
Lorsque dans l'infini nous nous réfugions,
Pourquoi ne pas nous suivre, âme au cercueil penchante,
Et tout prendre? Pourquoi, ce que l'abîme chante,
Ne pas le déchiffrer? tu n'as qu'à le vouloir!
Si tu ne l'entends pas, tu peux du moins le voir,
L'hymne éternel vibrant sous les éternels voiles.
Les constellations sont des gammes d'étoiles;
Et les vents par moments te chantent des lambeaux
Du chant prodigieux qui remplit les tombeaux.
Allons, fais un effort, esprit plus grand que l'aigle;
Prends ton échelle, prends ta plume, prends ta règle;
Toute cette musique à l'ineffable bruit
Est là sur le registre effrayant de la nuit;
Va, monte; tu n'as plus qu'à tracer des portées
Sous les septentrions et sous les voies-lactées
Pour lire à l'instant même, au fond des cieux vermeils,
La symphonie écrite en notes de soleils!
Qu'attends-tu, dis? Va donc au fond de Dieu! va vite!
Ah! souffle du fumier que le parfum évite,
Homme, ombre! coureur vain de tous les pas perdus!
Marchand des Christs trahis et des Josephs vendus!
Va! tu sors de la fange, et ta mère malsaine,
C'est la matière infecte et la matière obscène!
Tes sombres légions vermineuses, amas,
Troupeau, tas imbécile adorant des lamas,

Avec ce qu'elles font et ce qu'elles projettent,
Entre la nourriture et l'excrément-végètent!

Mais tu te fais petit; tu changes d'argument,
Et c'est là, reprends-tu, ta: plainte justement
-L'homme est un désir vaste en une étreinte étroite,
Un eunuque amoureux, un voyageur qui boîte;
L'homme n'est rien la terre à chaque heure lui ment;
La vie est un à-compte au lieu d'être un paiement;
Tes sages te l'ont dit, et, dans ton humeur noire,
Toi, l'homme, tu n'es pas éloigné de le croire;
C'est trop peu d'être un homme; en naissant Dieu devait
Te donner tout l'azur dont -la mort te revêt.
Ah! tu n'es pas déjà content de Dieu toi-même!
Tu voudrais sur la-terre être un être suprême;
Créancier exigeant, tu te plains d'être né
A demi, que le ciel ne t'ait pas tout donné,
Que Dieu soit en retard, que lui, lui qui médite,
Lui qui vit, ne t'ait pas, à l'échéance dite,
Fait livraison de l'ombre -et de l'éternité;
Et tu voudrais encor que tout l'autre côté
De la création, misère inaperçue,
Fût à jamais plongé dans la nuit sans issue!
Mais tu dis: -Le caillou brisé, l'arbre abattu,
Ne souffrent point; la bête ignore. -Qu'en sais-tu?
Sais-tu la profondeur du soupir, et l'abîme
Du cri? pour voir le fond du gouffre, es-tu la cime?
Et s'il était des pleurs -qui coulent en dedans?
Et s'il était un doigt, léché des flots grondants,
Qui sentît tressaillir la montagne plaintive,
Et pour qui le rocher fût une sensitive?
Que sais-tu? Ta morale; ô jûif, payen, chrétien,
Est une carte obscure et bizarre du bien
Et du mal, dont tu peins a ton gré les frontières.
-
Ce livre, dont tu fais la table des matières,
L'as-tu lu? Que vois-tu par ton trou de prison?
Portes-tu dans ton-oeil l'insondable horizon?
Fermes-tu l'univers en fermant ta fenêtre?
De quel droit marques-tu des limites a l'être,
Et dis-tu, te penchant sur le monde obscurci
Et sur le flot vivant: On souffre jusqu'ici!
Eh! vois donc les douleurs de ces bêtes hagardes!

Ah! la souffrance étant l'avenir, tu la gardes!
Tu n'en veux que pour toi! tout le reste est trop vil.
Tu vois l'arbre se tordre et: tu dis Souffre-t-il?
Tu dis: -La brute meurt'; son souvenir s'envole
Elle ne s'aperçoit pas même qu'on la vole.
Quoi! l'homme fils unique, et l'univers bâtard!

Quoi! tes maux seuls auraient le paradis plus tard
Qui, vrai pour toi, serait pour tout autre une fable!
La bête trouverait l'Éternel insolvable!
Quoi! les monstres auraient, songeurs silencieux,
Droit de hocher la tête en présence des cieux!
Dieu baisserait les yeux devant leur sombre lutte!
Ils pourraient lui jeter le mépris de la brute!
Quoi! devant les soleils, les astres triomphaux,
Et l'étoile, et l'aurore, ils pourraient dire: or faux!
Douleur, néant, horreur, seraient la destinée!
Quoi! la création tout entière damnée,
Rêve affreux! pas de but; l'homme seul arrivé;
Souffrir, et ne rien voir; la douleur, oeil crevé;
Tout injuste, une vaste et stupide spirale
D'êtres perdus, sans jour, sans noeud, sans loi morale,
Allant on ne sait où, venant on ne sait d'où,
Et, tout au fond de l'ombre effroyable, Dieu fou!
Ce Jéhovah Moloch! que veut-on que j'en fasse?
Songe exécré! crachat de l'homme sur ta face,
Ô mon Dieu! calomnie au père universel!
Bave d'inventions qui tacherait le ciel,
Si la fange pouvait atteindre, écume vile,
Dieu, l'outragé sublime, éternel et tranquille!
Non! tous les êtres sont, et furent, et seront.
Qu'il ait sa cendre au coeur, qu'il ait sa flamme au front,
Tout être est immortel comme essence; et retrouve
Ce qui lui reste dû par la loi qui l'éprouve;
Ce n'est point un motif parce qu'on est petit
Pour ne pas être vu; nul en vain ne pâtit;
Dieu n'est pas le myope immense de l'espace.
L'aboiement de l'écueil qui-jamais ne se lasse,
Le tonnerre, le vol de l'astre échevelé,
Tous les rugissements du vent démuselé,
La trombe, le volcan, font, dans l'éternel gouffre,
Moins de bruit que ce cri d'un moucheron: je souffre!
Tous les êtres sont Dieu; tous les flots sont la mer.

Non! non! l'écrasement n'est point la loi du ver.
Non! non! toute souffrance est un sillon. Prière
Et pleurs défont toujours quelque chose en arrière
Et font, ô cieux sereins! quelque chose en avant.
Tout être se rachète ou tout être se vend.

Ô dédain de la bête et mépris de la chose!
Double faute de l'homme et son double malheur!
Si pour la vie infime il eût été meilleur,
Au lieu d'écraser tout, s'il eût fait le contraire,
Au lieu d'être bourreau, s'il se fût montré frère,
S'il eût compris l'amas vivant qui remuait,
Et l'être monstrueux, e grand souffrant muet,
L'homme, en butte à cette heure aux aboiements de l'ombre,
Eût été l'aîné roi de la famille sombre.
Cet aveugle serait devenu le voyant.
Il eût vu revenir à lui l'être fuyant.
La vie a son esprit qu'a troublé l'ignorance
Fût apparue avec toute sa transparence,
Et l'homme, sous le marbre ou le bois ou la chair,
De l'âme universelle eût vu le pâle éclair.
En s'inclinant, avec la majesté des prêtres,
Sur ces masques hagards qu'on appelle les êtres,
Calme, il eût relevé le morne abattement
Du monde terrassé qui vit sinistrement.
Sa pitié, s'émiettant aux souffrances farouches,.
Eût fait tourner vers lui toutes ces âpres bouches.
La bête eût accepté l'homme; le chêne l'eût
Accueilli dans les bois de son grave salut;
La pierre en son horreur l'eût adoré. La roche,
Morne, se fût sentie émue à son approche;
Et dans tous les cailloux il eût eu des autels.
Il eût senti sous lui de sombres immortels.
Il eût été le mage. Il eût connu lès causes.
Il aurait sur son front la lumière" des choses;
Il serait l'Homme Esprit. L'aigle eût fraternisé;
Et, lui montrant le, ciel, le lion eût posé
Sa griffe sur l'épaule auguste du Génie.
Au lieu de le haïr dans leur morne agonie,
Les vivants effrayants d'en bas eussent béni
Ce grand communiant de l'amour infini.
En le voyant, la fosse eût resplendi, pareille
Aux soirs d'été qu'embrase une clarté vermeille;
La tombe aurait chanté, le spectre aurait souri.
Il eût des inconnus été le favori,
Bien et mai. La loi vient -de derrière la vie
Et derrière la mort continue. Homme, envie
Ton chien; tu ne sais pas; triste maître hagard,
S'il n'a pas plus d'azur que toi dans le regard.
Tout vit. Création couvre métempsychose.

Le bien-aimé de ceux-qui sont sous, les écorces,
Sous les granits, avec les sèves et les forces,
Et, dans tous ses travaux, sans cesse, à tout moment,
Toute l'obscurité l'eût baisé doucement.
L'ombre immense serait son fauve auxiliaire.
La nature, de l'homme aurait été le lierre,
Et l'aurait, dans les pleurs, dans les chocs, dans les maux,
Dans les deuils, protégé de ses mille rameaux.
Il eût senti, du fond des insondables cuves,
Monter vers lui les vents, les parfums, les effluves,
Les magnétismes purs, les souffles, les aimants,
Et le secours profond des sombres éléments;
Les fléaux, qui lui font la guerre du désordre,
Fussent venus lécher ses pieds qu'ils viennent mordre;
Quand sa barque, le soir, se risque hors du port,
Le flot eût dit au vent: c'est lui. Souffle moins fort.
L'azur eût murmuré: paix à la voile blonde!
L'écueil eût fait effort pour se courber sous l'onde.
L'être multiple épars dans l'expiation
L'eût partout conseillé de son vague rayon;
Sentant cette belle âme humaine, bonne et tendre,
Se baisser, et toucher leur chaîne, et la détendre,
La création brute au difforme poitrail,
L'instinct, cette lueur de l'âme au soupirail,
Le grand Tout, ce flot sourd qui s'enfle et qui se creuse,
L'énormité, la chose informe et ténébreuse,
L'horreur des bois, l'horreur des mers, l'horreur des cieux,
Tout le mystérieux, tout le prodigieux,
Fût accouru, soumis, à son appel sublime,
A travers l'ombre; et l'homme eût eu pour chien l'abîme.
Il sentirait, rêveur, satisfait, ébloui,
La pénétration des étoiles en lui;
L'ange le montrerait à l'ange qui se penche;
Il serait aujourd'hui la grande tête blanche
Aperçue au-dessus du gouffre et de la nuit.

Mais il n'a rien compris, rien sondé, rien traduit,
Rien aimé, que lui-même et lui seul. L'égoïste
Vit dans sa vanité démesurée et triste, -
Presque en dehors du groupe immense des vivants.
Dans ce sombre univers, monceau d'esprits rêvants,
Il voit deux êtres: lui qu'il sent, Dieu qu'il suppose.
L'étincelle de Dieu, l'âme, est dans toute chose.
Le monde est un ensemble où personne n'est seul;
Tout corps masque un esprit; toute chair est linceul;
Et pour voir l'âme on n'a qu'à lever le suaire.

La faute est le squelette et l'être est l'ossuaire.
C'est à dire, ô vivant, -car pour la terre il faut
Sans cesse commenter les formules d'en haut,
Que ce monde, où Dieu met ce que des cieux il ôte,
N'est que le cimetière horrible de la faute.

Tout fait, germe: Et. la vie est un flanc qui conçoit,
Quoi? la vie à venir. Tout être, quel qu'il soit,
De l'astre à l'excrément, de la taupe au prophète,
Est un esprit traînant la forme qu'il s'est faite.
Autant que dans la grâce et que dans la beauté,
L'être persiste et vit dans la difformité
Sous l'engloutissement de la matière infâme;
Autant qu'Eve au doux front, Léviathan, c'est l'âme.
La noirceur d'aujourd'hui fait la nuit de demain.
Oui, bête, arbre, rocher, broussaille du chemin,
Tout être est un vivant de l'immensité sombre;
L'homme n'est pas le seul qui soit suivi d'une ombre;
Tous, même le caillou misérable et honteux,
Ont derrière eux une ombre, une ombre devant eux;
Tous sont l'âme, qui vit, qui vécut, qui doit vivre,
Qui tombe et s'emprisonne, ou monte et se délivre!.
Tout ce qui rampe expie une chute du ciel.
La pierre est une cave où rêve un criminel,
Prends garde, esprit! recule au seuil du mal, arrête!
L'arbre t'attend, le roc te guette, esprit! La bête
Est une chausse-trape où l'homme peut tomber.
Tremble. Pas d'action qu'on puisse dérober
A Dieu, pour qui dans toi veille ta conscience.
Tout être est responsable; il croît, décroît, vit, pense,
Condamné par lui-même ou par lui-même absous;
Tout ce qu'il fait s'en va dans l'espace; et dessous
Est l'infini, compteur exact, plateau sans bornes;
Et la chute possible, et les ténèbres mornes
Où serpentent, chassés du vent qui les poursuit,
Les essaims tortueux des mondes de la nuit.
Oui, l'âme dans le mal, hélas, naufrage et sombre.

Hommes, votre lumière est faite avec de l'ombre;
Sous votre bagne il est d'autres cachots profonds;
Vous ne vous en doutez pas même; ô noirs bouffons,
Qui riez, qui chantez, qui raillez, c'est le pire,
Le monde des sanglots commence a votre rire.
En même temps la joie est au-dessus de vous;
Car, devant le regard de l'Être sans courroux,
Tout se tient; et l'extase a la douleur s'enlace.

L'ange me regardait, et, sans que je parlasse,
Il voyait ma pensée, et, dans mon âme entrant,
Son oeil fixe rendait mon crâne transparent.
Il dit, levant un doigt de sa main souveraine:

-Que l'oreille d'en bas qui m'écoute, comprenne
Que l'ange -ne s'est pas contredit en montrant
L'homme. si vain après l'avoir montré si grand;
Tout est haut, tout est bas tout. est lent, tout va vite;
Toute chose créée est splendide et petite;
Tout être a deux aspects, ténèbres et rayons;
Et la justice sort des confrontations
Du côté misérable avec la face auguste.
*
L'être est un hideux tronc qui porte un divin buste.
Mais -à la conscience heureux qui s'est fié! -
Tout, même ce tronc vil, sera glorifié.

Dieu, l'avertisseur juste, incessamment regarde
La vie, et dans les vents murmure: prenez garde!
Et suit des yeux le choc des bons et des mauvais.
Tout à l'heure, ô vivant terrestre, tu pouvais
Me répondre: Oui, le ciel est gibelin ou guelfe;
L'astre connaît -Isis et Phoebus, Thèbe et Delphe,
Genève et Rome, Oedipe et Sphynx, énigme et mot;
Le météore prend fait et cause là-haut
Pour ou contre Pompée ou César, pour ou contre
Le pâle Capulet qu'un Montaigu rencontre;
Car dans toute querelle est un peu d'équité,
Et dans toute lueur un peu de vérité;
Et si la rose rouge a tort, la rose blanche
A raison. Et cela suffit pour que Dieu penche.
Le nuage, le jour; la rosée en sueur,
La comète traînant sa sinistre lueur,
Tous les êtres profonds qui passent dans l'abîme,
Sont du parti de ceux qu'on foule et qu'on opprime;
Et, luttant pour le droit et pour la vérité,
Le faible a dans les reins toute l'immensité
De là l'auguste foi du coeur simple et robuste.
Vivants, tous les cheveux de la tête du juste,
Par des fils que nul bras n'a pu briser encor,
Sont liés aux rayons de tous les astres d'or.
Vis, âme: -Oh! que Dieu soit dans ce que tu préfères!
La loi, sous ses deux noms une dans les deux. sphères,
Vivants, c'est le progrès; morts, c'est l'ascension.
Toute cité, d'en bas ou d'en haut, est Sion;
Tout être, par l'effort du labeur volontaire,
Sort de l'épreuve, et rentre au bonheur; toute terre
Doit devenir Éden et tout ciel paradis.

Les gisants s'écrieront: debout! les engourdis
Remueront; l'avenir, parlant d'une voix tendre,
Dira: terre, voici le chemin qu'il faut prendre,
O terre! et l'harmonie en chantant conquerra
L'horreur du Groënland, l'horreur du Sahara,
Et le sable et la neige, et ces larves barbares,
Caraïbes, hurons, bédouins, malabares,
Peuples sourds de l'Ohio, du Thibet, du Darfour,
Que l'ombre garde assis dans son noir carrefour.
L'aube, cette blancheur juste, sacrée, intègre,
Qui se fait dans la nuit, se fera dans le nègre.
La Rome du désert naîtra de Tombouctou.
Oh! pourvu que ce soit en avant, Dieu sait *où,
Va, vole! Je l'ai dit, et je te le répète,
La-bas, où l'on entend sonner de la trompette,
La-bas dans l'inconnu,. là-bas dans le réel,
Dans;le vrai; dans le beau, dans le grand, dans le ciel,
Genre humain, genre humain, ouvre tes larges ailes!'

En même temps la mort aux splendides prunelles
Pousse vers l'éternelle et suprême clarté
Le monstre, et l'homme au vent du sépulcre emporté,
Troupeau fuyant qu'au bord du gouffre elle dénombre.
L'aurore est un baiser qui veut les fronts de l'ombre.
Tout se meut, se soulève, et s'efforce, et gravit,
Et se hausse, et s'envole, et ressuscite, et vit!
Rien n'est fait pour rester dans l'obscurité sourde.
L'âme en exil devient à chaque instant moins lourde,
Et s'approche du ciel qui vous réclame tous.
D'heure en heure, pour ceux qui se sont faits plis doux,
La peine s'attendrit l'ombre en bonheur se change;
La bête est commuée en homme, l'homme en ange;
Par l'expiation, échelle d'équité,
Dont un bout est nuit froide et l'autre bout clarté,
Sans cesse, sous l'azur que la lumière noie,
L'univers Châtiment monte à l'univers Joie.

Et l'on y vient d'un bond, et du plus triste lieu.
Oui, l'horreur et le mal peuvent aux pieds de Dieu

Se verser tout à coup en urnes de lumière.
Oui, les plus noirs ont droit à la plus blanche sphère;
Les plus vils ont pour loi d'atteindre les plus hauts.
Tous les rayonnements puisent tous les chaos,
Vident la nuit, et font, ravissement des anges,
Des gerbes d'arcs-en-ciel avec toutes les fanges!
Point de déshérité.! Non! point de paria!
Je levai les deux mains au ciel; l'ange cria:
Ô profondeurs, voilà que ce passant s'étonne!.
Puis il reprit:

-Rêveur qu'emporte un vent d'automne,
Sors de l'infirmité de ta stupeur sans yeux.
Apprends l'immensité. Guetteur obscur des cieux,
Sache, ô vivant qui viens regarder l'aube naître,
Que l'expiation va plus avant peut-être
Que tu ne descendis et que tu ne sondas,
Homme, et qu'elle peut faire un élu de Judas
Sache que Dieu, domptant même l'oeil qui fascine,
Change, quand il lui, plaît, le serpent en racine,
Si bien qu'avec le temps ses desseins sont remplis,
Et que de la vipère il fait sortir un l'ys.
Qu'ont donc appris à l'homme Inde, Égypte et Chaldée,
S'il est pétrifié par cette simple idée
Que l'âme se perdra, se perd et se. perdit,
Mais que Dieu peut toujours la trouver? Qui te dit
Que, le jour où, la mort enfin te fera. naître,.
Tu ne verras, pas, homme,. au seuil des cieux paraître,
Un archange plus grand et plus éblouissant
Et plus beau que celui qui te parle à présent,
Ayant. des fleurs soleils, des astres étincelles,
Et tous les diamants du gouffre dans ses ailes,
Qui viendra vers toi, pur, auguste, doux; serein,
Calme, et qui te dira: c'est moi qui fus:Caïn?
Homme, sache que Dieu. pourrait prendre un cloporte,
Un crapaud, l'acarus que ton ulcère porte,
Et lui donner l'aurore et le septentrion.
Sache que Dieu pourrait choisir un vibrion,
Un ver de terre au fond du sépulcre nocturne,
Et lui dire: -Voilà Sirius et Saturne,
Arcturus, Orion et les pléiades d'or;
Je te les donne. Prends. Et je te donne encor

Le vaste Jupiter avec ses quatre lunes.
Prends l'ouragan, le bruit, le jour bleu, les nuits brunes,
Le tropique et l'été, le pôle avec l'hiver.
Vénus, perle du soir, je te donne à ce ver.
Ver, prends Aldebaran que vit Jean, mon apôtre,
Et prends ses trois soleils qui roulent l'un sur l'autre;
Prends tous les firmaments et tous les océans,
Et le haut zodiaque aux douze astres géants,
Tournant comme une roue au fond des ombres noires.
Sache que Dieu pourrait donner toutes ces gloires
A ce vil ver de terre immonde et chassieux
Sans étonner un seul -archange dans les cieux!
Et sache aussi que Dieu donnerait à cet être:
Ce que dans tous les lieux l'éternité voit naître,
Tous les astres qu'on voit, tous ceux qu'on ne voit pas,
Tout ce qui tourbillonne au souffle du trépas,
Et les mille flambeaux tremblant sur le grand voile,
Sans que l'infini fût amoindri d'une étoile,
Et qu'ayant tout donné, Dieu n'aurait rien de moins.

Et l'archange reprit: Soleils, soyez témoins,
Soyez témoins, ô cieux, que l'ilote et l'esclave,
Le goîtreux dont l'oeil rêve et dont la lèvre bave
Dans ses mornes sommeils,
Et sur son lit maudit, le lépreux solitaire, -
cieux, sont vos égaux, et que les vers de terre
Sont vos frères, soleils!

Soyez témoins, éthers où vit l'âme ravie,
Épanouissements de splendeur et. de vie,
Édens par Dieu dorés;
Paradis qui passez avec le son des lyres,
Rayons, soyez témoins, soyez témoins, sourires,
Que les pleurs sont sacrés!

Il ne tient qu à la nuit, et cela dépend d'elle,
D'être heureuse, innocente, et sincère, et fidèle,
De nous éblouir tous,
Et de voir tout à coup, clartés dans l'ombre écloses,
Des flots de colibris; sortis d'un tas de roses,
Aveugler ses hiboux!

Le méchant est un mort dont l'harmonie est veuve.
Il peut, quand il lui plaît, renaître après l'épreuve,
Et revenir, ailé,

Superbe, triomphant, sans pleurs, sans deuil, sans crainte,
Serein car tout esprit de la. justice sainte
Est l'époux. étoilé!. - .

Hommes! l'orgueil en vous parfois crie et résiste,
Et vous dites, entant que votre terre est triste:
-« Dieu pour nous est sans nom:
« Qu'a trouvé Ptolémée et que sait Épicure?
« Double négation «:.le ciel noir, l'âme obscure.
« L'être est Nuit, l'homme est Non.
« Le mal est notre maître et, le doute est notre hôte;
« Dieu nous montre la peine et nous cache la faute;
« Que veut ce dieu lointain?.
« Notre vie est si morne et notre âme est si noire,
« Hélas! que,. par moments, nous hésitons à croire
« L'étoile du matin!
« Il semble que Dieu triste essaie à chaque aurore
« De créer un jour pur, divin, charmant, sonore,
« Par la joie expliqué,
« D'un éternel midi réchauffant la nature,
« Sans tache... -et chaque soir, la nuit revient, rature
« Du jour toujours manqué!

« Qui nous dit que ce monde inique et léthifère
« Est l'oeuvre de quelqu'un qui sait ce qu'il veut faire?
« Tout rampe de terreur;
« Ces monts, ces mers, ces champs où nos troupeaux vont paître,
« Ces globes, ces soleil; ces cieux ne sont peut être
« Que quelque immense erreur! -»

Et vous criez, vivants sinistres de la tombe:
« L'anathème nous tient;l'horreur sur nous surplombe;
« Ce guichetier nous suit;
« L'obscurité nous couve, et la geôle âpre et lourde
« Nous guette, et chaque étoile est la lanterne sourde
« D'un spectre de la nuit!
« Nous sommes prisonniers; les ténèbres nous gardent;
« Tous les yeux de l'abîme à la fois nous regardent;
« Comment fuir? on nous voit!
« Comment nous evader? -» Il suffit, pour -qu'on sorte,
Qu'une bonne action pousse l'énorme porte..
Du bout du petit doigt!

Le Dieu juste, qui met à toute peine un terme
Ne veut. pas que le grand sur le petit se ferme;
Il veut la liberté,
Et c'est avec l'atome, ô pauvre âme inquiète,
Que ce Dieu fait la clef de la serrure faite
Avec l'immensité.

Dieu ne permet à rien l'oppression; la brute
Et l'ange sont amis; au fond de toute chute
Dieu met de sa clarté;
De toute ascension Dieu marque le solstice;
Il crie aux quatre vents: Égalité!. Justice!
Equilibre! Équité!
Et l'un des quatre vents va le dire à l'aurore;
L'autre au couchant pourpré qu'un divin nimbe dore
Et qui s'épanouit
Le troisième le dit au midi qui s'enivre
De l'éblouissement de tout ce qu'il fait vivre;
Le dernier à la nuit.

Qu'est-ce que le rayon a de plus que la bête?
Le tigre a sa fureur, le ciel a sa tempête;
Tout est égal à tout
L'insecte vaut le globe.; et, soleils, sphères, gloires,
Tous les géants, égaux à tous les infusoires,
Gisent sous Dieu debout.
Tout n'est qu'un tourbillon de poussière qui vole.
La mouche et sa lueur, l'astre et son auréole,
Cendre! apparitions!
Vie! Être! ô précipice obscur! horreurs sacrées,
Où Dieu laisse en rêvant tomber des empyrées
Et des créations!

L'infiniment petit, l'infiniment grand; songes!
Ces soleils que tu vois, ces azurs où tu plonges;
Ame errant sans appuis,
Les. orbites de feu des sphères vagabondes,
Les éthers constellés, les firmaments; les mondes,
Cercles du fond du puits!

Ô citerne de l'ombre! Ô profondeurs livides!
Les plénitudes sont pareilles à des vides.
L'oeil cherche le soutien.
L'être est prodigieux à ce point, j'en frissonne,
Qu'il ressemble au néant; et Tout par moments donne
Le vertige de Rien!

On revient au néant par l'énormité même,
Oui! -S'il n'était pas là, lui, le" témoin suprême,
Oh! comme on frémirait!

Mais ce grand front serein dans l'immensité rentre,
Et, comme un feu suffit pour éclairer un antre,
L'univers reparaît.

Ô Création, choc de souffles, bruit d'atomes,
Terre, trône de l'homme, univers, cieux, royaumes,
Rayons, sceptres, pavois,
Monde noir qui te tais et qui dors! Dieu se lève.
Ombre! il est le regard; sommeil! il est le rêve;
Silence, il est la voix!
Dieu vit. Quiconque mange est assis à sa table.
Il est l'inaccessible, il est l'inévitable;
L'athée au sombre voeu,
En se précipitant, sans foi, sans loi, sans prisme,
La tête la première; au fond de l'athéisme,
Brise son âme à Dieu!
Il est le fond de l'être. Oui, terrible ou propice,
Tout vertige le trouve au bas du précipice.
Satan, l'ange échappé,
Se cramponne lui-même. au père, et l'on devine
Dans le pli d'un des pans de la robe divine
Ce noir poignet crispé.

Dieu! Dieu! Dieu! l'âme unique est dans tout, et traverse
L'âme individuelle, en chaque être diverse;
Tout char l'a pour essieu;
La tête de mort, blême au fond de l'ombre immonde,
Par un de ses deux trous, sinistre, voit le monde,
Et par l'autre voit Dieu. .'
Cet ensemble, où l'on voit toujours plus d'aube naître,
Et qu'on nomme le ciel et l'enfer, se pénètre; -
Rayon et flamboiement;
L'un descend, l'autre monte; et Dieu dans l'ombre passe;
Et chacun d'eux éclaire un côté de sa face
Au fond du firmament.
Par moments, dans l'azur où l'archange a son aire,
Il se fait des hymens que chante le tonnerre;
L'âme épouse le ver;
Et le ciel et l'enfer, et. la lumière et l'ombre,
Et le rayon splendide et le flamboiement sombre
Se mêlent dans l'éclair.

Rien n'est désespéré, car rien n'est hors de l'être.
Vivez! Le disparu peut toujours reparaître.
Le mal par vous construit,
Se place, dans la vaste et morne apocalypse,
Entre votre âme et Dieu; l'enfer est une éclipse;
Le mal passe, Dieu luit!
Transfigurations splendides et subites!
Les châtiments sont pleins de sombres: cénobites,
De bras au ciel tendus.
Parfois les lieux profonds ont des sanglots sublimes
Qui jettent tout à coup près de Dieu sur les cimes
Des monstres éperdus!

Chaque globe est un oeuf hideux, sur qui se pose
La nuit triste, où l'on sent remuer quelque chose,
Couvert d'êtres maudits,
Lugubre, affreux, rongé de moisissure verte,
Qu'un jour un bec de feu brise, et d'où, l'aile ouverte,
Sort l'aigle Paradis.

Ce n'est pas le pardon c'est la. justice auguste;
C'est, après le rachat, la délivrance juste;
L'équitable retour
Des hydres vers l'azur où l'on voit l'astre éclore,
Des muets vers la voix, des larmes vers-l'aurore,
Des spectres vers le jour!

Dieu n'est pas moins en bas qu'en haut; oui, la nature
Sacre l'égalité de toute créature
Devant le créateur; .
Et c'est le coeur de Dieu que sent l'être unanime
Dans ces deux battements. énormes de l'abîme,
Profondeur et Hauteur.

Ces deux pulsations de la vie éternelle
Jettent l'âme innocente et l'âme criminelle,
L'une aux cieux; l'autre aux nuits;
Chacun va dans la sphère où sa pesanteur tombe.
Dieu, pour noircir l'orfraie et blanchir la colombe,
N'a:qu'à dire je suis.

La conscience est là, lueur crépusculaire.
Vous êtes avertis, vivants; le crime éclaire.
Tu tombes, tu sais où!
La drachme de Judas, par la nuit ramassée,
Rayonne et luit. au fond de l'ombre hérissée;
C'est l'oeil rond du hibou.

Dieu laisse à tous le poids qu'ils ont. Coupable-ou sainte,
L'action est. un pied qui marque son empreinte.
. Dieu laisse au mal le mal.

Dieu, choisir! l'absolu n'a pas de préférence;
Le cercle ne peut rien sur la circonférence;
Le parfait est fatal.

Oui, Dieu, c'est l'équilibre. Êtres, Dieu pèse et crée:
A droite l'étendue, a gauche la durée;
L'évident, l'incompris;
Les éblouissements, contre-poids des désastres;
L'abîme balançant l'âme; ici tous les astres,
Et là tous les esprits.

En lui sont la raison et le centre imperdable;
Tous les balancements de l'ordre formidable
S'y règlent à la fois;
Toutes les équités forment cette âme immense;
Elle est le grand niveau de l'être; et la clémence
Y serait un faux poids.

L'absolu! l'absolu! Ni fureurs, ni faiblesses.
Impassible, étoilée, âpre, tu ne te laisses,
Au fond du ciel béni,
Violer, dans ta paix qu'aucun flot ne déborde,
Jamais, à rien, pas même à la miséricorde,
Sombre vierge Infini!

Rien ne fait vaciller l'axe, que la justice.
Chacun pèse sa vie; orgueil, sagesse ou vice.
Vivez! cherchez le mieux!
L'action pend à l'âme. Avec tout ce qu'il sème,
Chaque être a son insu se compose à lui-même
Son poids mystérieux.

La balance n'a pas le droit de faire grâce.
Elle oscille en dehors du temps et de l'espace;
Elle est la vérité;
Sous la seule équité son tremblement s'apaise.
Demande aux deux plateaux si l'immensité pèse.
Plus que l'éternité!

L'archange disparut comme, au front du Vésuve,
S'efface une fumée, ou comme, dans la cuve,
S'évanouit l'écume en tombant du pressoir.
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Victor HUGO (1802-1885) L'océan d'en haut 6
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