CONTRE QUELQUES POETASTRES
Contre quelques poetastres qui auroient medit de
Deux dames d' honneur.
Epris d' une fureur sainctement équitable,
Et pour vanger l' honneur de deux divinitez,
Je veux petits broüillons d' un vers espouventable
Vous faire repentir de vos temeritez.
Lors que vous aurez leu ce furieux yambe
Prophanes, pour avoir de ces dames médit,
Je veux que vous sembliez le malheureux Lycambe
Qui les vers d' Archiloq ayant leu se pendit.
Celles qui prisent tant vos miserables muses
Sont trois vaches en rût, trois insolentes soeurs,
Trois louves en chaleur, trois parques, trois meduses,
Trois gorgones encor, trois rages, trois fureurs.
Mais les dames de qui j' entreprens la deffence
Sont deux rares Cypris en extresme beauté,
Deux Charites d' amour, deux Palas en prudence,
Deux celestes Junons en grave majesté.
Et vilains vous avez vomy contre ces belles
Le médisant poison de vos esprits pervers,
Mais le ciel pour punir vos fantasques cervelles
Les escraze aujourd' huy du foudre de mes vers.
Tremblez doncques poltrons, tremblez en ceste guerre,
Au pieds de ces beautez mettez vous à genoux,
Cecy n' est que l' esclair de mon grondant tonnerre,
Le bruit de mes canons, le sifler de mes coups.