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 Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) CHAPITRE I de l' ame. I.I

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MessageSujet: Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) CHAPITRE I de l' ame. I.I   Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704)  CHAPITRE I  de l' ame.  I.I Icon_minitimeMar 17 Avr - 0:38

II.
Le plaisir et la douleur.

Le plaisir et la douleur accompagnent les opérations
des sens ; on sent du plaisir à goûter de bonnes
viandes, et de la douleur à en goûter de mauvaises,
et ainsi du reste.

Ce chatouillement des sens qu' on trouve, par exemple,
en goûtant de bons fruits, de douces liqueurs et
d' autres viandes exquises, c' est ce qui s' appelle
plaisir ou volupté. Ce sentiment importun des sens
offensés, c' est ce qui s' appelle douleur.
L' un et l' autre sont compris sous les sentimens ou
sensations, puisqu' ils sont l' un et l' autre une
perception soudaine et vive, qui se fait d' abord en
nous à la présence des objets plaisans et fâcheux ;
comme à la présence d' un vin délicieux qui arrose
notre palais, ce que nous sentons au premier abord,
c' est le plaisir qu' il nous donne ; et à la présence
d' un fer qui nous perce et nous déchire, nous ne
sentons rien plus tôt ni plus vivement que la douleur
qu' il nous cause.

Quoique le plaisir et la douleur soient de ces choses
qui n' ont pas besoin d' être définies, parce qu' elles
sont conçues par elles-mêmes, nous pouvons toutefois
définir le plaisir un sentiment agréable qui convient
à la nature, et la douleur un sentiment fâcheux,
contraire à la nature.

Il paroît que ces deux sentimens naissent en nous,
comme tous les autres, à la présence de certains
corps qui nous accommodent ou qui nous blessent. En
effet nous sentons de la douleur quand on nous coupe,
quand on nous pique, quand on nous serre, et ainsi
du reste, et nous en découvrons aisément la cause ;
car nous voyons ce qui nous serre et ce qui nous
pique : mais nous avons d' autres douleurs plus
intérieures, par exemple, des douleurs de tête et
d' estomac, des coliques et d' autres semblables. Nous
avons la faim et la soif, qui sont aussi deux espèces
de douleurs. Ces douleurs se ressentent au dedans,
sans que nous voyions aucune chose au dehors qui nous
les cause : mais nous pouvons aisément penser
qu' elles viennent des mêmes principes que les
autres ; c' est-à-dire que nous les sentons quand les
parties intérieures du corps sont picotées ou serrées par
quelques humeurs qui tombent dessus, à peu près de
même manière que nous les voyons arriver dans les
parties extérieures. Ainsi toutes ces sortes de
douleurs sont de la même nature que celles dont nous
apercevons les causes, et appartiennent sans
difficulté aux sensations.
La douleur est plus vive et dure plus longtemps que le
plaisir ; ce qui nous doit faire sentir combien notre
état est triste et malheureux en cette vie.
Il ne faut pas confondre le plaisir et la douleur avec
la joie et la tristesse. Ces choses se suivent de
près, et nous appelons souvent les unes du nom des
autres. Mais plus elles sont approchantes et plus on
est sujet à les confondre, plus il faut prendre soin
de les distinguer.

Le plaisir et la douleur naissent à la présence
effective d' un corps qui touche et affecte les
organes ; ils sont aussi ressentis en un certain
endroit déterminé, par exemple, le plaisir du goût
précisément sur la langue et la douleur d' une
blessure dans la partie offensée. Il n' en est pas
ainsi de la joie et de la tristesse, à qui nous
n' attribuons aucune place certaine. Elles peuvent être
excitées en l' absence des objets sensibles par la
seule imagination, ou par la réflexion de l' esprit. On
a beau imaginer et considérer le plaisir du goût et
celui d' une odeur exquise, ou la douleur de la goutte,
on n' en fait pas naître pour cela le sentiment. Un
homme qui veut exprimer le mal que lui fait la goutte
ne dira pas qu' elle lui cause de la tristesse, mais
de la douleur ; et aussi ne dira-t-il pas qu' il
ressent une grande joie dans la bouche en buvant une
liqueur délicieuse, mais qu' il y ressent un grand
plaisir. Un homme sait qu' il est atteint de ces sortes
de maladies mortelles qui ne sont point douloureuses ;
il ne sent point de douleur, et toutefois il est
plongé dans la tristesse. Ainsi ces choses sont fort
différentes. C' est pourquoi nous avons rangé le
plaisir et la douleur avec les sensations, et nous
mettrons la joie et la tristesse avec les passions
dans l' appétit.

Il est maintenant aisé de marquer toutes nos
sensations. Il y a celles des cinq sens : il y a le
plaisir et la douleur. Les plaisirs ne sont pas
tous d' une même espèce, et nous en
ressentons de fort différens, non-seulement en
plusieurs sens, mais dans le même. Il en faut dire
autant des douleurs. Celle de la migraine ne
ressemble pas à celle de la colique ou de la goutte.
Il y a certaines espèces de douleurs qui reviennent
et cessent tous les jours : et c' est la faim et la
soif.
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Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) CHAPITRE I de l' ame. I.I
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