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 François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 38

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MessageSujet: François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 38   François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 38 Icon_minitimeMar 29 Jan - 9:53

DIALOGUE 38

Scipion Et Annibal.
L' ambition n' a point de bornes.
Scipion.
Il me semble que je suis encore à notre
conférence avant la bataille de Zama ; mais nous
ne sommes pas ici dans la même situation.
Nous n' avons plus de différent ; toutes nos
guerres sont éteintes dans les eaux du fleuve
d' oubli. Après avoir conquis l' un et l' autre
tant de provinces, une urne a suffi à recueillir
nos cendres.
Annibal.
Tout cela est vrai : notre gloire passée n' est
plus qu' un songe ; nous n' avons plus rien à
conquérir ici : pour moi, je m' en ennuie.
Scipion.
Il faut avouer que vous étiez bien inquiet
et bien insatiable.
Annibal.
Pourquoi ? Je trouve que j' étois bien modéré.
Scipion.
Modéré ! Quelle modération ! D' abord les
carthaginois ne songeoient qu' à se maintenir
en Sicile dans la partie occidentale. Le sage
roi Gélon, et puis le tyran Denys, leur avoient
donné bien de l' exercice.
Annibal.
Il est vrai : mais dès-lors nous songions à
subjuguer toutes ces villes florissantes qui se
gouvernoient en république, comme Léonte,
Agrigente, Sélinonte.
Scipion.
Mais enfin les romains et les carthaginois
étant vis-à-vis les uns des autres, la mer entre
deux, se regardoient d' un oeil jaloux, et se
disputoient l' île de Sicile, qui étoit au milieu
des deux peuples prétendants. Voilà à quoi se
bornoit votre ambition.
Annibal.
Point du tout. Nous avions encore nos prétentions
du côté de l' Espagne. Carthage la neuve nous
donnoit en ce pays-là un empire presque égal à celui
de l' ancienne au milieu de l' Afrique.
Scipion.
Tout cela est vrai. Mais c' étoit par quelque
port pour vos marchandises que vous aviez
commencé à vous établir sur les côtes d' Espagne :
les facilités que vous y trouvâtes vous
donnèrent peu-à-peu la pensée de conquérir
ces vastes régions.
Annibal.
Dès le temps de notre première guerre contre
les romains, nous étions puissants en Espagne, et
nous en aurions été bientôt les maîtres sans votre
république.
Scipion.
Enfin le traité que nous conclûmes avec les
carthaginois les obligeoit à renoncer à tous
les pays qui sont entre les Pyrénées et l' Ebre.
Annibal.
La force nous réduisit à cette paix honteuse :
nous avions fait des pertes infinies sur terre
et sur mer. Mon père ne songea qu' à nous
relever après cette chute. Il me fit jurer sur les
autels, à l' âge de neuf ans, que je serois jusqu' à
la mort ennemi des romains. Je le jurai,
je l' ai accompli. Je suivis mon père en Espagne ;
après sa mort, je commandai l' armée carthaginoise,
et vous savez ce qui arriva.
Scipion.
Oui, je le sais, et vous le savez bien aussi à
vos dépens. Mais si vous fîtes bien du chemin,
c' est que vous trouvâtes la fortune qui venoit
par-tout au-devant de vous pour vous solliciter
à la suivre. L' espérance de vous joindre
aux gaulois, nos anciens ennemis, vous fit
passer les Pyrénées. La victoire que vous
remportâtes sur nous au bord du Rhône vous
encouragea à passer les Alpes : vous y perdîtes
beaucoup de soldats, de chevaux, et d' éléphants.
Quand vous fûtes passé, vous défîtes sans peine
nos troupes étonnées que vous surprîtes à Ticinum.
Une victoire en attire une autre en consternant
les vaincus, et en procurant aux vainqueurs
beaucoup d' alliés ; car tous les peuples du pays
se donnent en foule aux plus forts.
Annibal.
Mais la bataille de Trébie, qu' en pensez-vous ?
Scipion.
Elle vous coûta peu, venant après tant
d' autres. Après cela vous fûtes le maître de
l' Italie. Trasimène et Cannes furent plutôt
des carnages que des batailles. Vous perçâtes
toute l' Italie. Dites la vérité, vous n' aviez pas
d' abord espéré de si grands succès.
Annibal.
Je ne savois pas bien jusqu' où je pourrois
aller ; mais je voulois tenter la fortune. Je
déconcertai les romains par un coup si hardi
et si imprévu. Quand je trouvai la fortune si
favorable, je crus qu' il falloit en profiter : le
succès me donna des desseins que je n' aurois
jamais osé concevoir.
Scipion.
Hé bien ! N' est-ce pas là ce que je disois ?
La Sicile, l' Espagne, l' Italie, n' étoient plus
rien pour vous. Les grecs, avec lesquels vous
vous étiez ligués, auroient bientôt subi votre
joug.
Annibal.
Mais, vous qui parlez, n' avez-vous pas fait
précisément ce que vous nous reprochez d' avoir
été capables de faire ?
L' Espagne, la Sicile, Carthage même, et
l' Afrique, ne furent rien : bientôt toute la
Grèce, la Macédoine, toutes les îles, l' égypte,
l' Asie, tombèrent à vos pieds ; et vous aviez
encore bien de la peine à souffrir que les
parthes et les arabes fussent libres. Le monde
entier étoit trop petit pour ces romains qui,
pendant cinq cents ans, avoient été bornés à
vaincre autour de leur ville les volsques, les
sabins, et les samnites.


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