Soir d'été
28 juillet 1906
Le ciel à l'horizon en d'étranges couleurs
Brille comme un flambeau sur le sommeil des choses
Et d'un reflet tragique aux lueurs grandioses
Il éclaire le front des sublimes douleurs
La campagne endormie a de sombres images
Les arbres assoupis ressemblent à des morts
Surgis de leurs tombeaux pour pleurer les accords
Du soleil radieux et du ciel sans nuages
La source qui se perd en bizarres contours
Et coule insouciante au travers des prairies
D'un murmure sacré berce les rêveries
Des mortels emportés au caprice des jours
C'est à cette heure chère aux âmes expansives
Que j'aime respirer dans la brise du soir
Le souffle des amours au doux baiser d'espoir
Et sentir le frisson des gaietés fugitives
C'est dans le crépuscule aux portes de la Nuit
Que je cherche l'oubli des ivresses passées
Et que je me souviens des heures écoulées
Souvenir qui renaît dans le jour qui s'enfuit
C'est ainsi que Clotilde à mon coeur dit je t'aime
Un soir où le soleil dans un dernier rayon
D'un baiser plein de feu embrassait l'horizon
Et gravait dans mon coeur la caresse suprême
Le ciel au crépuscule en d'étranges couleurs
Brillait comme aujourd'hui sur le sommeil des choses
Et d'un reflet sublime aux lueurs grandioses
Il éclaira l'amour dans l'ombre de nos coeurs
Honoré HARMAND