Rassurez-vous
A Clotilde
1er septembre 1906
Rassurez-vous Clotilde et reprenez courage
Que le doute s'envole où sommeille l'oubli
Je vous aime d'amour comme on aime à notre âge
Je fermerais mon coeur s'il était perverti
Peut-être aviez-vous peur, ainsi de trop comprendre
Le feu de mes baisers, parfois un peu brûlants
Mon âme est très sensible elle aime à se répandre
En mille effusions. Sont-ce là péchés grands ?
D'un passé malheureux vous tirez un exemple
Notre amour n'est pas né sous le même horizon
Les portes de l'Eglise ou bien celles du Temple
S'ouvrent aux pèlerins sans demander Raison.
Pourquoi songer ainsi aux heures expirées
Et de regrets perdus abreuver nos douleurs
Puisque du livre noir les pages arrachées
Ne nous prodiguent plus la tristesse et les pleurs
Je ne franchirai pas l'obstacle infranchissable
Pour qui sait respecter les plus faibles vertus
Et si de mon passé la loi fut détestable
C'est que je rencontrais des amours imprévus
Rassurez-vous Clotilde et reprenez courage
Que le doute s'envole où sommeille l'oubli
Je vous aime d'amour comme on aime à notre âge
Je fermerais mon coeur s'il était perverti.
Honoré HARMAND