Si vous étiez ma Mie
A Denise CHEVREUIL
2 novembre 1947
Que n'écrirais-je pas si vous étiez ma Mie,
Confessant mon amour en des vers enflammés ;
Mais vous n'êtes, hélas ! Qu'une lointaine amie
Et mon coeur un brasier aux tisons consumés.
Malgré l'éloignement, je pense à vous quand même.
Le trop rapide oubli ne m'a jamais atteint.
Les souvenirs heureux, comme un pur diadème,
Conservent leur éclat quand leur feu s'est éteint.
Les ennuis passagers, les heures els plus sombres
Ne sauraient obscurcir les jours ensoleillés
Où la franche gaieté jouait avec les ombres
Que faisaient, sous nos doigts, les billets oubliés.
Il m'arrive souvent, au hasard, de relire
Les poèmes vécus, glanés dans mon recueil ;
E, songeant aux instants où le temple du rire
Avait une déesse en Denise Chevreuil.
Mais qu'importe, après tout, si vous n'êtes pas ma mie.
Vous comprendrez ces vers, pour la forme, enflammés ;
Un cadeau de ma Muse à sa lointaine amie :
Cendres d'amitié pure aux tisons parfumés.
Honoré HARMAND