Pauvre petit
26 Septembre 1906.
Air « le couteau » de Théodore BOTREL
Aux amis DEMORIAC et LE PETIT LEROY.
Pauvre petit où t'en vas-tu
Ainsi à l'aventure
Dans ton habit tout décousu
S'engouffre la froidure.
Monsieur je m'en vais pour ma mère
Implorer le passant
Elle est là-bas dans la chaumière
Sans feu et sans argent.
Pauvre petit racontes-moi
Cette terrible histoire
Que la misère un jour chez toi
Conta dans la nuit noire.
Monsieur je ne saurais vous dire
Tout ce qui s'est passé
Ma mère oublia de l'écrire
Et je n'étais pas né.
Pauvre petit à ta maison
Si ton père travaille
Pourquoi à la froide saison
Faire le rien qui vaille.
Monsieur dans le grand cimetière
Nous allons tous les ans
Aux Rameaux faire une prière
Pour les petits enfants.
Pauvre petit dis-moi le pain
Dans la bouche est-il tendre
Ou ta mère quand tu as faim
Te dit-elle d'attendre.
Monsieur j'en ai quand j'en demande
Cependant hier soir
Elle a dit il faut que je vende
Jusqu'à mon châle noir.
Pauvre petit quand tu auras
Atteint tes quinze ans d'âge
Pour vivre tu travailleras
Sans craindre le courage.
Monsieur je suis encor bien jeune
Et ma mère vieillit
On dit souvent le corps qui jeûne
Bien vite s'affaiblit.
Pauvre petit tu as raison
Le monde t'abandonne
Portes bien vite à ta maison
L'argent que je te donne.
Monsieur merci Dieu vous protège
Pour votre charité
Et l'enfant partit dans la neige
Le coeur plein de gaieté.
Quand le pauvre vous tend la main
En passant dans la rue
Donnez-lui et faites le bien
Sans vaine retenue
Riches soulagez les misères
Des pauvres en haillons
Vous n'entendrez plus leurs colères
Les gueux vous aimeront.
Honoré HARMAND