Le Petit Mousse
23 septembre 1907
(Air du « petit Grégoire » de Théodore BOTREL)
A l'ami STORZS
Le patron du petit Mousse
Lui dit pour demain
Nous irons si le vent pousse
Aux pays lointains
L'enfant répond et ma mère
Qui l'a nourrira
Si j'm'en vas si loin d'la terre
Je ne sais pas c'qu'elle deviendra
Ce qu'elle deviendra
Ah oui dà
Devant l'refus du pauv'gosse
L'patron courroucé
Lui dit sur la mer d'Ecosse
J'ai d'jà navigué
Moi aussi j'avais un'mère
Qu'était resté là
Mais jamais dame misère
Crois moi chez elle ne passa
Jamais ne passa
Ah oui dà
L'patron lui dit t'es pas digne
De fair'un marin
Puis à ces hom'il fit signe
De prend'le gamin
Mettez le en place sûre
Après on verra
Faut l'habituer à la dure
Dans not'métier ça marche com'ça
J'ai passé par là
Ah oui dà
Bien longue une année s'écoule
Le mousse revient
Dans ses yeux les larmes roulent
Mais il les retient
Il va droit à la chaumière
Maman es-tu là
Un voisin lui dit ta mère
Le printemps dernier trépassa
Dans cet'maison là
Ah oui dà
Vite il s'en va voir la tombe
Où la vieille dort
Devant sa foi qui succombe
Il espère encor
Et jusqu'à la nuit tombante
Ainsi il resta
En pensant mère est contente
Ell'va retrouver papa
Mon pauvre papa
Ah oui dà
Le lendemain dans l'cim'tière
Le gardien passait
Il vit étendu par terre
Un corps qui tremblait
La mort sur sa face blême
Rapide passa
Et dans un râle suprême
Sa lèvre encor murmura
Et puis se ferma
Ah oui dà
La moral'de cette histoire
C'est que le Trépas
Nous guette dans la nuit noire
Et com'le pauv'gars
Nous frappe sans indulgence
Dans ce qu'on aima
En nous disant ton existence
Un jour se terminera
Com'ell'commença
Ah oui dà
Honoré HARMAND