II
Le gasthof de l'Aigle à deux têtes
Il y avait ce soir-là compagnie nombreuse au gasthof de l'Aigle à deux têtes; la
société était la plus mélangée du monde, et le caprice de Callot et celui de
Goya, réunis, n'auraient pu produire un plus bizarre amalgame de types
caractéristiques. L'Aigle à deux têtes était une de ces bienheureuses caves
célébrées par Hoffmann, dont les marches sont si usées, si onctueuses et si
glissantes, qu'on ne peut poser le pied sur la première sans se trouver tout de
suite au fond, les coudes sur la table, la pipe à la bouche, entre un pot de
bière et une mesure de vin nouveau.