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 Louis Fréchette (1839-1908) Pique-nique d'honneur

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MessageSujet: Louis Fréchette (1839-1908) Pique-nique d'honneur   Louis Fréchette (1839-1908) Pique-nique d'honneur Icon_minitimeVen 19 Avr - 19:45

Pique-nique d'honneur

offert à m Alfred Thibaudeau, de Londres, le août
Vers humoristiques improvisés pour la circonstance.
Messieurs,

Avant de faire honneur au toast que l'on propose,
Me pardonneriez-vous si j'avais le travers
De réclamer ici deux minutes de pause,
En si grave moment, pour quelques méchants vers?

Le poète n'est pas ce qu'un vain peuple pense;
Et, dussé-je exciter quelque rire moqueur,
Je dirai que, le coeur étant près de la panse,
C'est que la panse au fond n'est pas très loin du coeur!

L'intérêt, ici-bas, va toujours côte à côte
Avec les sentiments de l'âme, et Dieu merci!
Car, même quand on boit la santé d'un tel hôte,
Il fait bon de trouver le vin passable aussi.

Ceci ne semble pas la limpidité même;
Mais laissez l'argument sortir de son étui;
Pour notre hôte surtout ce n'est pas un problème,
Et je vais m'expliquer en vous parlant de lui.

Je ne veux pas ici faire un panégyrique,
Vous dire qu'il est brave, affable, distingué,
Et qu'on pourrait courir d'Afrique en Amérique
Sans jamais rencontrer un compagnon plus gai.

Je ne vous dirai pas, en style pittoresque,
Que, tout marchand qu'il est, on n'est pas plus loyal;
Qu'il est, tout à la fois, souple et chevaleresque,
Redoutable à la Bourse, et sans rivaux au bal.

Le fait est que, d'après la rumeur qui babille,
- Et, ma foi, qui de nous s'en montrerait surpris? -
Bien des gens à Québec soupçonnent la famille
De l'avoir exilé pour complaire aux maris.

Pourquoi dire qu'il est - qualité peu commune -
Riche sans être un brin gonflé de son avoir;
Et qu'il est un de ceux qui croient que la fortune
Ne prime pas toujours l'esprit et le savoir?

Mais son humilité, qui souffre le martyre,
Veut que sur ces détails je tire les rideaux :
Du reste, que peut-on avoir de plus à dire,
Quand on a dit qu'il est la fleur des Thibaudeaux?

Mais, bref, arrêtons-nous, je l'entends qui proteste;
Et, sans déguisement, disons la vérité :
Ce qui chez notre ami domine tout le reste,
Et ce qu'on fête ici, c'est son utilité!

Oui, son utilité. Demandez à Lamarche,
Qui va trois fois par an réclamer son appui :
Les troupeaux de Noé sont-ils entrés dans l'arche
Plus nombreux que tous ceux qui s'adressent à lui?

C'est comme une oasis dont la fraîche fontaine
Verse un cristal limpide au voyageur poudreux;
C'est un phare brillant dont la lueur lointaine
Er claire pour plusieurs des abords dangereux.

Ah! si de Duhamel la barque infortunée,
Ne l'avait pas vu luire au-dessus des brisants,
Au naufrage infaillible elle était condamnée,
Comme nous l'étions tous à des regrets cuisants.

Si Dugas n'avait point, dans ses lointaines courses,
De la douce oasis goûté le flot béni,
Serait-il aujourd'hui le gardien de nos bourses,
Et la terreur du vice avec de Montigny?

Moi-même, lorsqu'un jour, plaideur involontaire,
Je quittais nos climats, traqué par les recors,
J'avais à peine mis le pied en Angleterre,
Qu'à son tour, il s'en vint m'appréhender au corps.

Il ne me lâcha pas que je ne fusse en France;
Et, d'honneur! sans nous être un seul instant gommés,
J'ai vu Londres sans presque en avoir connaissance,
Et j'y retournerais, je crois, les yeux fermés.

Théâtres, monuments, églises et musées,
Nous avons tout compté, parcouru, visité.
Mes jambes, je l'avoue, en étaient épuisées...
Mais, détail important, ça ne m'a rien coûté!

Voilà! c'est l'oasis, la fontaine, le phare,
L'utile compagnon, l'infatigable appui,
Le savant cicerone, et - sans qu'on soit avare -
Le guide à bon marché que l'on fête aujourd'hui!

Je vois autour de moi notre président Doutre,
Et son bras droit Stephens, et Rainville et Perreault,
Mercier, Beaugrand, lesquels pourraient bien passer outre
S'ils n'apercevaient point de lumière là-haut.

Et puis je vois Boyer, Béïque, Préfontaine,
Beausoleil, Archambault, Rinfret et Robidoux,
Ne demandant aussi qu'à boire à la fontaine
Où Forget a dû boire et trouver ça bien doux.

Je vois encore ici Prévost et Lachapelle,
Olivier, enfin ceux que je ne nomme pas,
Qui calculent combien cette fête si belle
Pourra leur rapporter quand ils seront là-bas!

En somme, cher ami, (je m'adresse à notre hôte)
Si nous te faisons tous un accueil empressé,
Ne va pas nous vouer une estime trop haute,
Car, vraiment, cet accueil est fort intéressé!

Ceux qui n'ont pas vu Londres, aspirent sans nul doute
Vers l'Europe, un beau jour, à prendre leur essor;
Et ceux qui par hasard ont déjà fait la route
Caressent le projet de la refaire encor!

Quoi qu'il en soit, je bois à tes destins prospères!...
- Mes amis, à l'ami de tous les Canadiens!
Oui, buvons à notre hôte! et qu'ils choquent leurs verres,
Ceux qui n'ont pas été trop choqués par les miens!

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Louis Fréchette (1839-1908) Pique-nique d'honneur
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