À Mmes Élodie H***, Cordelia de B*** et
Angéline C***
Au mois de mai, doux mois où fleurit la cerise,
Dans les bosquets tout blancs où l'on s'est attardé,
On hume les parfums vernals, et l'on se grise
Dans un flot virginal d'effluve débordé.
Le temps passe; et, plus tard, on voit avec surprise,
Sur un rameau pliant, de soleil inondé,
Le fruit lourd et vermeil, que balance la brise,
Briller robuste et mûr sur l'arbre fécondé.
Cousines, bénissons le ciel; la vie humaine
Est comme la nature : un bon ange ramène
Par un autre chemin le bonheur qui s'enfuit.
Tous les espoirs joyeux ici-bas ont leur place;
Et Dieu, qui veut toujours le plus grand bien, remplace
L'arome de la fleur par la saveur du fruit.
Mai 1907.