III
Mais, confiant dans ton étoile,
Ô noble fiancé des arts,
Demain tu remets à la voile,
Pour le vieux pays des Césars;
Tu retournes au champ fertile
Où croît le laurier de Virgile,
Où dort le luth d'Alighieri.
Florence, la ville artistique,
Réclame ton pinceau magique,
Que ses grands maîtres ont mûri.
Va! quitte nos climats de neige!
Pour toi trop sombre est notre ciel;
Il te faut le ciel du Corrège,
Le ciel où vécut Raphaël;
Il te faut le ciel d'Italie,
Ce ciel tout rempli d'harmonie,
Ses chants, ses vagues, ses zéphyrs;
Il te faut ses blondes campagnes,
Ses bois, ses fleuves, ses montagnes,
Ses chefs-d'oeuvre, ses souvenirs.
Poursuis ta mission divine,
Illustre fils du Saint-Laurent,
Et que la gloire t'illumine
De son rayon le plus brillant!
Abandonne encor ta Patrie,
Puisque le laurier du génie
A couronné ton noble front!
Pars! et nos rives étonnées,
En contemplant tes destinées,
Avec orgueil te nomineront!