A mon chien « Vaillant »
Adieu, mon chien, seul ami bien fidèle!
Toi qui longtemps cheminas sur mes pas!
Je suis ingrat; mais, vois-tu, c'est pour elle...
Oh! ne m'accuse pas!
Pauvre « Vaillant! » que la brise te porte
Ce souvenir d'un ami qui, le soir,
N'a plus, hélas! sur le seuil de sa porte,
Rien pour le recevoir!
Je t'aimais bien, je te regrette encore...
Mais, pauvre chien, écoute mon secret:
Pardonne-moi, car, vois-tu, je l'adore,
Et puis... elle t'aimait...
Te souvient-il quand timide et peureuse
Et chaude encor de mon dernier baiser,
Sa blanche main, sur ta tête soyeuse,
Aimait à se poser?
Elle t'aimait... oh! sois-lui bien fidèle!
Reporte-lui ton amitié pour moi!
Et, s'il le faut, combats et meurs pour elle,
Pour elle immole-toi!
Un jour elle était là, près de moi, sur la pierre,
Riant, causant, chantant et rêvant tour à tour;
Son oeil d'azur voilé par sa blonde paupière
Semblait vouloir parler d'amour.
Toi, tu léchais sa main, fraîche, mignonne, blanche,
Et puis elle flattait ton col souple et soyeux,
Posait son petit pied mollement sur ta hanche,
Ou riait de tes bonds joyeux.
Oh! ne la quitte pas! chaque jour je regrette
Ces moments qui seront toujours chers pour mon coeur!...
Sois son heureux esclave!... et moi, pauvre poète...
Et moi... j'envierai ton bonheur!...