V
Mais un jour un long cri passa sur les côteaux.
Et les armes ont brui partout dans les hameaux.
La guerre au Canada! - debout soldats de France!
Aux champs virginiens déjà brille la lance.
Louise, tout-à-coup, se rappelle en tremblant,
Le songe affreux qui lui fit tant d'alarmes;
Mais au château, déjà, se préparaient les armes,
Car le sang des Chamblys était noble et vaillant.
Partout retentissait le clairon des combats;
Les vassaux de Chambly se pressent sur ses pas.
Et plus d'un vieux guerrier à la démarche altière
Semble encore animer leur audace guerrière.
Leurs coeurs battent d'orgueil à l'aspect de ces preux.
Le coursier de leur chef frappant le sol poudreux,
Ronge au pied du château son frein couvert d'écume,
Impatient son oeil ensanglanté s'allume.
Déjà le blanc panache ombrage en balançant
Sur le front d'Edouard, un regard menaçant.
À l'épaule en sautoir pendait sa carabine;
Un stylet d'or brillait au bas de sa poitrine. -
Edouard! Edouard! sa mère en sa douleur,
Au milieu des sanglots le presse sur son coeur.
Mais Louise était là, debout, pâle, immobile -
Il la serre en ses bras; dans sa douleur tranquille
Elle ne peut parler, elle ne sent plus rien,
Son coeur serré respire à peine sous sa main.
Son amant était loin qu'elle croyait encore
Entendre résonner sa voix douce et sonore.