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  Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie II

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James
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MessageSujet: Alfred Garneau (1836-1904) Premières pages de la vie II    Alfred Garneau (1836-1904)   Premières pages de la vie II Icon_minitimeLun 17 Juin - 21:30

II

Tu m'écris: « Que fait donc l'amitié dans ton âme?
« Les vents légers d'automne ont-ils tué sa flamme,
« Que tu ne songes plus, oublieux citadin,
« À celui qui va seul dans un âpre chemin?
« Faudra-t-il que je dise, ô la pensée impie!
« Que mon ami d'enfance, âme éprouvée, oublie
« Ainsi qu'une aube d'or notre printemps vermeil! »
- Cher Eugène, ah! causons de ces jours de soleil,
Où, plus bruyants cent fois qu'un essaim qui s'envole,
Nous renversions nos bancs en sortant de l'école.
Nous n'avions pas encor vu quatorze moissons,
Nous refusions déjà d'apprendre les leçons.

« Est-ce là, disions-nous, l'oeuvre de jeunes hommes?
« Mais le monde jamais ne saura que nous sommes.
« Non, non, c'est au grand jour qu'il nous faut travailler.
« Quand l'oiseau dans sa cage apprit-il à voler?
« Et la gloire, où luit-elle? Est-ce à l'école sombre?
« La gloire est une fleur qui ne croît point à l'ombre:
« Elle aime les hauts lieux, colonnes, piédestaux,
« Et quelquefois, dit-on, le sommet des tombeaux.
« Il faut, pour la cueillir, s'élever dès l'aurore,
« Aux yeux du monde, au bruit de sa clameur sonore;
« Car la gloire est coquette, et cette étrange fleur
« Veut qu'on la cueille au bruit d'un murmure flatteur.
« Assez, amis, assez de maîtres, âmes dures,
« Et de bancs enrichis par nous de ciselures;
« Assez de noirs bouquins, grimoires incompris.
« On ne recueille pas grande gloire à ce prix.
« La gloire est dans la lutte avec la vie amère:
« Allons gagner le pain de notre bonne mère. »

Et nous partions, le bras sur l'épaule, en chantant;
Mais bientôt un vent frais, un frelon bourdonnant,
Une feuille entraînée au tournant d'une source,
Soufflait sur notre ardeur, suspendait notre course;
Et quand le jour nouveau ramenait le matin,
Nous reprenions sans bruit l'affreux livre latin.

Mais une fois venue le mois bleu des vacances,
C'étaient des ris, des chants, de fantastiques danses;
On passait la nuit blanche à faire des projets.


Qui n'a vu voltiger des troupes d'oiselets?
Comme elles en chantant et rapide comme elles,
Tout l'essaim s'envolait aux maisons paternelles.
Quel plaisir de jouer alors sur le gazon,
De pêcher dans l'étang, d'aider à la moisson,
De poursuivre un oiseau qui fuit le long des haies,
De cueillir à genoux au bois de rouges baies,
De ramener au pré le cheval écumant,
Et le soir, quand le bleu s'assombrit doucement,
De suivre du regard, à l'ombre du village,
Un char retentissant fuyant dans un nuage.

O mes frais souvenirs, vous me rendez joyeux!

Surtout je me souviens de ce mois où tous deux,
À travers les grands blés pressant nos pas agiles,
Courbés, inaperçus sous les épis mobiles,
À l'heure où les oiseaux s'enfoncent dans le mur,
Nous volions détacher la nef au lac d'azur.
Nous n'étions pas de ceux qui rasent le rivage,
Tremblants comme une femme à l'aspect d'un nuage:
- Enfants! - Soit; il fallait nous voir, au sein des flots,
Gouverner aussi droit que de vieux matelots.
Jouets d'un souffle d'air, d'une voix argentine,
Nous chantions, enivrés par la brise marine;
Entre chaque refrain, c'était de longs propos
Sur les verts alentours et la grotte aux échos,
Et sur le couchant d'or qui dans l'eau se reflète;
Car nous étions déjà, toi peintre, moi poète...




La barque cependant, sur un lac sans rocher,
Au milieu des glaïeuls échouait sans danger.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James
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