Ô piécette d'argent
Car en ouvrant votre main vide,
Vous pouvez donner un trésor.
(Musset)
O piécette d'argent, relique
Authentique,
Brillante à ravir un joaillier!
Tu seras, ô la ronde et fine
Bizantine,
La gloire de mon médallier!
Avec ta face orientale
Où s'étale
Une énigme, un mot inconnu,
Que d'amoureuses t'auront mise,
Vaine, en guise,
De talisman, sur leur sein nu!
L'une, penchée à sa fenêtre,
A peut-être
Senti sur son col se briser
Ton fil, un de ces soirs de flamme
Où se pâme,
Entre deux bouches, le baiser!
Car tu le sais, ô la joyeuse
Voyageuse
En lieux mécréants ou païens,
Si l'on y trouverait des belles
Plus rebelles
À l'amour que chez les chrétiens...
Le Turc, quand il choisit lui-même
Pour emblême
La lune aux deux cernes d'argent,
Fit bien: de ses persiennes closes
Que de roses
Le soir, tombent furtivement!
En Perse, dans la rue, un voile
D'humble toile
Des femmes couvre la beauté,
L'amour gagne à ce soir austère:
Du mystère,
N'est-ce pas plus de volupté?
Mais ont-ils bien autant de charmes
Et de larmes
Leurs yeux immenses de velours?
Tombe-t-elle avec une grâce
Aussi lasse
Leur riche ceinture aux plis lourds?...
Tais-toi, tais-toi, folle piécette,
Indiscrète,
Pendant qu'à mes lèvres encor,
Comme un lis blanc, je tiens pressée
- En pensée -
La main qui me donne un trésor!...