Tableautin
Écartant les longs plis de soie à la fenêtre,
Ton courroux qui sourit relève son regard.
Quel ravissant tableau ce beau soir verrait naître
Si d'un Watteau j'avais et les couleurs et l'art!
Un rayon éperdu de vermeille lumière
Embrase une fleur pâle au bord de tes cheveux...
Je peindrais un Amour qui t'implore, en arrière,
Dans les pleurs et tenant son poing rose à ses yeux.
Où voltige mieux tous les ans
Où voltige mieux tous les ans
Le Plaisir parmi les quadrilles?
Est-ce aux bals blancs des jeunes filles?
Est-ce aux bals roses des mamans?
O prime jeunesse, on admire
Sur tes lèvres, fleurs de beauté,
Les ailes du rire enchanté...
Ton âge ne sait pas sourire...
Un sourire vague et troublant,
C'est le triomphe de Joconde.
Il part d'une âme plus profonde,
Il vient avec un vol plus lent.
Mais laquelle est la plus divine
Et prend mieux empire sur nous,
De la jeune fille à l'oeil doux,
De la femme à la grâce fine?
L'une, sentant que son coeur bat,
Presse, pâle comme à l'église,
La gaze qui l'idéalise
Sur son sein frais et délicat.
L'autre aussi, dans toute la gloire
D'un beau corps à peine paré,
N'a qu'un fil de corail pourpré
Sur son cou plus blanc que l'ivoire.
Chez toi, l'autre nuit, sous les flots
De lumière inondant les salles,
Qui l'emportait de ces rivales?
Le débat n'est pas encor clos.
Mais l'on disait, entre autres choses,
Que ce grand bal étincelant
Joignit le charme d'un bal blanc
À tout l'attrait des fêtes roses.
Comme un enfant qui tient une arme
Comme un enfant qui tient une arme,
Ploie et se joue en pâlissant,
Tu souris, mais ton front s'alarme
Et ta voix défaille en lisant.
Le beau n'est pas là. Nulle larme
N'apparaît dans ton oeil ému.
Comme un enfant qui porte une arme,
Tu ris. - Mais pourquoi trembles-tu?